Publié le mardi, 26 mai 2015 à 13h38
La contagion, roman de Walter Siti
Le monde est en train de devenir une immense borgata. Une immense banlieue ? Pas tout à fait. La borgata est urbaine, périphérique mais urbaine. La différence ne s'arrête pas là car historiquement et sociologiquement les borgatari n'ont que peu de points en commun avec les banlieusards. C'est d'ailleurs la raison qui a poussé la traductrice, Françoise Antoine, à garder le terme italien.
Le roman de Walter Siti n'est pas une mince affaire, au sens propre comme au figuré. Écrivain de la complexité, Walter Siti manie l'objet littéraire avec la désinvolture des vieux routiers. Chaque tournure est travaillée au ciselet. Tous ces ingrédients font de La contagion un grand roman très actuel, profond, parsemé d'éléments de réflexion et surtout très plaisant à lire.
Le roman de Siti peut être considéré comme une sorte de carrefour littéraire entre Perec et Pasolini. Un peu comme si l'immeuble bourgeois de la Vie mode d'emploi de Perec avait été déplacé en plein Rome pasolinienne, celle des Ragazzi di vita, en devenant un HLM. Comme dans le roman du Français, le plan de l'immeuble est là, la vie de chaque foyer, le rapport entre les différents locataires et propriétaires également sauf que, sociologiquement, nous sommes aux antipodes.
A partir de l'immeuble de la rue Vermeer, que certains habitants prononcent « Vermir », l'auteur trace un portrait saisissant de tendresse de la borgata romaine et de sa faune. Et notamment de sa transformation. Marcello, Mauro, Chiara, la Cicci, Obelix… les acteurs du roman, touchants dans leur maladresse, en l'espace de quelques années quittent tous l'immeuble qui se métamorphose lentement mais inexorablement. A l'instar de toutes les borgate.
Paru en Italie il y a sept ans, ce roman de Walter Siti est un petit chef-d’œuvre. Siti n'est pas seulement un excellent romancier, il est également un observateur attentif des changements de la société italienne. Lire également notre entretien avec Walter Siti.