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Publié le mardi, 25 avril 2017 à 09h50

Il Bugiardo, Le Menteur, de Carlo Goldoni au Théâtre de L’Épée de Bois

Par Stefano Palombari

Une scène de Il Bugiardo de Goldoni, mise en scène Alfredo Arias

Il Bugiardo, Le Menteur de Carlo Goldoni au Théâtre de L’Épée de Bois, du 17 au 21 mai 2017 dans la mise en scène d'Alfredo Arias. Spectacle en langue italienne, surtitré. Production : Teatro Quirino - Rome. Offre Italie à Paris : tarif Préférentiel de 12€ (au lieu de 20) – sur mention du code Italie - Paris.
Cette version du Menteur nous propose de célébrer par le personnage de Lelio un fabuleux écrivain inventeur, non pas d’une œuvre littéraire, mais d’une comédie humaine. Alfredo Arias

Le tropisme italien d’Alfredo Arias par René de Ceccatty

L’Italie est pour le franco-argentin Alfredo Arias l’autre tropisme qui contrebalance ses retours réguliers à son pays natal. Avec Le Menteur de Goldoni, le metteur en scène confirme la solidité et la nécessité de son lien avec l’Italie et avec ses grands classiques.

Lorsqu’il s’installe en Europe au début des années 1970, Alfredo Arias, quittant l’Argentine de la dictature, fait un long séjour à Rome où il découvre des affinités profondes avec la culture italienne, alors en pleine effervescence culturelle, au cinéma et au théâtre. De ce séjour romain, lui restera un attachement fidèle aux artistes italiens et il répond tout au long de sa carrière aux sollicitations des théâtres ou des comédiens italiens et proposera lui-même des créations qui rencontreront un très chaleureux accueil, tant pour le répertoire italien (au théâtre et à l’opéra), que pour ses propres œuvres personnelles, comme Concha Bonita, Les Peines de cœur d’une chatte française, Madame Pink qui vient d’être créé à Naples et repris à Rome, ou encore l’adaptation de La Femme et le pantin, Pallido oggetto del desiderio, tous donnés en langue italienne.

L’Italie, où par ailleurs il a également présenté les mises en scène françaises de ses plus grands succès, est une référence récurrente de son inspiration, comme l’a prouvé Divino Amore, hommage à la troupe théâtrale D’Origlia Palmi, précisément découverte à Rome, dans le petit théâtre de la via dei Penitenzieri, près du Vatican, où des comédiens fervents représentaient des mélodrames larmoyants et des vies de saints, dans un mélange d’amateurisme et de passion lyrique où le comique côtoyait la pure poésie.

Outre ses mises en scènes de grands opéras (entre autres Le Barbier de Séville et Les Contes d’Hoffmann, à la Scala de Milan, La Veuve joyeuse et Les Mamelles de Tirésias à Spoleto ou Le songe d’une nuit d’été de Britten à l’Opéra de Turin), il monte en italien Feydeau (La dame de Chez Maxim), Copi (La femme assise et le Frigo) et, plus récemment, une œuvre du grand auteur napolitain Raffaele Viviani (Il circo equestre Sgueglia) qui a été également accueillie en France pour quelques représentations exceptionnelles au Théâtre de l’Athénée.

Mais c’est à l’œuvre de Carlo Goldoni qu’il est revenu le plus régulièrement. Après avoir monté Les jumeaux vénitiens et La locandiera en français et en France, il a mis en scène Il Ventaglio en italien à Gênes. Et enfin Geppy Gleijeses lui a demandé de le mettre en scène, avec sa troupe, dans le chef-d’œuvre que Goldoni a écrit, en 1750, s’inspirant, comme Le Menteur de Corneille près d’un siècle avant lui, de la pièce espagnole La verdad sospechosa de Juan Luis Alarcón en l’adaptant à un tout un autre environnement. Il Bugiardo avant de venir à Paris a été représenté durant deux saisons à Naples, Rome, Florence et Milan.

Les personnages s’y expriment dans plusieurs dialectes (vénitien, bien sûr, qui était celui que pratiquait le plus Goldoni, mais aussi romain et napolitain, à cause de l’origine de certains personnages). Le monde ironique, poétique et très réflexif de Goldoni, tout imprégné de Commedia dell’arte, correspond particulièrement bien au travail scénique d’Alfredo Arias qui accompagne souvent son regard d’une mise en abyme du théâtre. Les personnages de Goldoni font naître un doute sur la sincérité de leurs sentiments et utilisent le langage comme un jeu théâtral de représentation et d’illusion. On feint d’éprouver, on feint de croire et l’on se prend de part et d’autre au jeu. Merveilleux matériel pour les comédiens, le texte par sa forme et par son contenu transforme toute la vie sentimentale, professionnelle, matérielle en un miroir de dupes et d’émerveillement, entre Molière et Marivaux.

Informations pratiques
  • Théâtre de l'Epée de Bois - Cartoucherie
  • Bois de Vincennes, Route du Champ de Manoeuvre - 75012 Paris. Tél. 01 48 08 39 74
  • Du 17 au 21 Mai 2017. Du mercredi au samedi à 20h30 ; samedi et dimanche à 16h. Offre Italie à Paris : tarif Préférentiel de 12€ (au lieu de 20) – sur mention du code Italie - Paris.