Publié le mardi, 31 mai 2011 à 09h33
Gianni et les femmes, nouveau film de Gianni Di Gregorio
Le réalisateur du Déjeuner du 15 août, récidive avec un nouveau film, Gianni et les femmes, aux contours moins définis. En revanche les intentions sont carrément affichées, se moquer gentiment des hommes, qui en dépit de leur âge et de leur corps qui n’est plus ce qu’il était, ont encore envie de séduire et de plaire aux femmes.
Malgré le thème totalement différent, les deux films ont beaucoup en commun. Tout d’abord l’atmosphère. Rome, ville à l’âme irréductiblement populaire, un peu paresseuse, où les retraités du quartier sont collés à longueur de journée sur leurs chaises en plastique blanc posées sur le trottoir. Gianni Di Gregorio, de passage à Paris pour la promotion de son film, m’a avoué être particulièrement attiré par les quartiers populaires. Logé dans un hôtel du sixième arrondissement, il s’est « échappé pour faire un tour vers le nord de la ville, du côté de La Chapelle et de la Goutte d’or, c’est une autre ville, très intéressante. J’en avais assez de faire des petits tours ici et de ne rencontrer que des touristes ».
Ceux qui ont vu le Déjeuner du 15 août, reconnaîtront aussi pas mal de personnages. Tout d’abord « la mère », une vraie femme romaine d’un certain âge, un peu snob et coquine, « très présente dans la vie d’un fils, qui plus est si c’est un fils unique. Elle en conditionne la vie sentimentale. La vielle dame que j’ai choisie pour ce rôle est parfaite. Je suis vraiment sous le charme de cette femme. Ayant perdu ma mère récemment, elle a commencé à se conduire vis à vis de moi comme s’elle avait décidé de la remplacer. Elle m’appelle souvent pour me dire de ne pas boire et ne pas fumer trop. Elle connaît bien mes défauts ».
Cette mère qui risque de voler la vedette à son fils a subi une petite, mais essentielle, transformation par rapport au film précédent. « Elle est beaucoup plus réelle, beaucoup plus proche de ce qu’était ma mère. J’ai voulu bien montrer ses défauts : possessive, égoïste, égocentrique, manipulatrice, insensible aux problèmes de son fils… Elle est beaucoup moins touchante que dans le film précédent. »
En effet, le spectateur est un peu dérouté par la présence des personnages principaux du premier film car le premier réflexe est de penser à une suite. Mais, il suffit de quelques séquences pour comprendre que ce n’est pas possible. « C’est un peu comme une sorte d’évolution intérieure de Gianni. Il a fait des petits pas dans la vie mais, bien évidemment, chronologiquement on ne peut pas parler de « suite ». Tu sais, j’arrive à comprendre mes films toujours après, une fois qu’ils sont achevés. Surtout en en parlant avec des journalistes. »
Ce film qui est sorti en Italie en plein « rubygate », le scandale qui a vu Silvio Berlusconi impliqué pour « prostitution sur mineure », semblait tomber à pic. « Je ne l’ai pas fait exprès. Cela aurait été impossible. Par contre, j’étais content que mon film montre au monde entier une image différente, beaucoup plus proche de la réalité, de l’homme italien, qui est très sensible, fragile et totalement dépourvu d’assurance. Le machisme italien est un concept dont il faut se débarrasser car totalement faux. »