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Publié le jeudi, 5 novembre 2015 à 15h22

Dominique Fernandez, Le piéton de Rome

Par Francesco Trippitelli

Le piéton de Rome - couverture

L'essai de Dominique Fernandez, membre de l'Académie Française, est le résultat d'un travail extensif et mélioratif réalisé sur les pages écrites d'un album publié en 1994 aux éditions Philippe Rey, consacré exclusivement à l'art et à l'histoire de Rome et enrichi par les photographies de Ferrante Ferranti.

Dans ce nouvel ensemble – qui s'accorde bien, pour ainsi dire, avec le droit de chaque époque de se servir des constructions anciennes pour se transformer, dont Rome est le témoignage visible - les photographies ont presque disparu (une douzaine de pages dans le corps central, un peu comme le Forum romain, pour rester dans la similitude), mais ont été ajoutés de nombreux souvenirs personnels de personnages rencontrés au détour de palais ou de cafés, aussi bien que le regard sur l'art et l'histoire de cet érudit et charmant piéton français qui se promène dans les rues, les piazze et les jardins de Rome, permettant au lecteur de jouir d'une atmosphère plus intime et peut être plus émouvante se trouvant, par exemple, dans la maison, transformée en un sorte de musée des arts décoratifs, de l'écrivain Mario Praz, Via Giulia, la « plus belle rue de Rome, sombre et mélancolique », ou assis aux tables des fiaschetterie (débit de vin) et des trattorie en compagnie de Moravia, Pasolini, Elsa Morante.

L'auteur nous invite à découvrir la merveilleuse fusion entre catholicisme, néoplatonisme, paganisme et ésotérisme maçonnique dans les temples, les églises et les places de la ville, et l'alternance vertigineuse entre la Renaissance et la naissance du baroque avec le génie du Bernini; le mélange - chez Ferdinand de Medicis, le grand seigneur de la Renaissance comme chez Scipione Borghese, le grand seigneur baroque - d'énergie criminelle et de passion pour les beaux-arts, « le trait le plus fascinant de cette époque »; Hadrien et Marguerite Yourcenar et la réhabilitation de Néron; la pasolinienne vita violenta (vie violente) de Caravage et Benvenuto Cellini et le rôle du Vatican, avec la nudité des statues et des affreux voilée, sur laquelle il port le jugement très sévère d'un amoureux blessé - « La coupole de Saint Pierre est la forme visible du couvercle qui pèse sur la ville, étouffant la liberté intellectuelle et transformant l'Urbe en une ville où plus rien d'important, dans l'ordre de l'esprit, ne se passe entre la fin du monde antique et le XX siècle. ».

Dans l'«Itinéraire Caravage» et l'«Itinéraire Bernin », les deux derniers chapitres du livre, la sensation d'être en marche en compagnie de l'auteur est amplifiée par la description minutieuse du parcours. Un point de départ fixé, Fernandez nous prend par la main et nous fait tourner à droite et à gauche, nous amène sur les collines et dans les pinacothèques pour découvrir à l'intérieur des palazzi (palais) et des églises les chefs-d'œuvre des maestri italiens.

Informations pratiques

Dominique Fernandez, Le piéton de Rome, Philippe Rey, 19€. Pour acheter le livre, cliquez sur l'image ci-dessous