Publié le dimanche, 7 avril 2019 à 10h19
Disperata, la vita in comune d’Edoardo Winspeare
« Chi va piano va sano » pourrait être la devise d’Edoardo Winspeare le réalisateur italien, qui choisit le gros plan d’un escargot glissant lentement pour ouvrir et fermer son nouveau film Disperata, la vita in comune.
Dans la scène suivante, deux hommes masqués poussent leurs vélos à travers champs, ils avancent lentement vers une station service perdue dans la campagne. Le burlesque est à son comble lorsqu’ils attaquent le pompiste et se disputent en dialecte (du Salento) quand un berger allemand surgit à l’improviste et leur mord les mollets.
De la prison à la mairie en passant par la bistrot et l’épicerie du village, tout est calme, trop calme, on suit les frères cambrioleurs Angiolino et Pati (Antonio Carluccio et Claudio Giangreco acteurs non professionnels qui ont déjà tourné avec E W).
En prison, Pati, qui s’est dénoncé pour protéger son frère, rencontre le maire Filippo Pisanelli (interprété par Gustavo Caputo, associé de Winspeare pour leur société de production et acteur récurrent dans ses films). C’est un personnage lunaire qui se désespère dans sa mairie et tente d’insuffler un peu de culture aux détenus en leur faisant découvrir la poésie. C’est dit, Pati sera poète et le maire sera son ami.
A chaque conseil communal c’est la guerre entre les membres des différents camps pour trouver la solution à la renaissance de Disperata, (désespérée en français) d’un côté les écolos, de l’autre les bétonneurs qui veulent s’approprier le bord de mer magnifique pour construire des hôtels à touristes. Alors quand le maire est attaqué, Pati prend sa défense lorsque son ami est attaqué et il le réconcilie même avec son ex-femme, Eufemia, épicière et membre du conseil municipal (interprétée par la comédienne Celeste Casciaro, épouse du réalisateur). Quant à son frère, le vitupérant Angiolino, seul le pape peut le ramener à la raison, car après la station service il a décidé de cambrioler la banque. Donc c’est simple, Pati devra mettre son frère en contact avec le pape.
Rien n’est impossible dans ce petit village de fiction, et quand on sait qu’ Edoardo Winspeare a vécu et vit dans le village de Depressa (déprimée en français) dans le Salento, on comprend immédiatement d’où vient sa source d’inspiration et ses espoirs pour un futur plus responsable dans les villages du sud de l’Italie.
Comparable à la famille de cinéma que s’est créé Robert Guédiguian avec Ariane Ascaride, même utopisme social, Edoardo Winspeare fait partager au spectateur la tendresse que lui inspire ses personnages. Fiction ou conte de fée drolatique, tout se mélange comme le jeu de mots avec le sous titre, La vita in comune qui signifie à la fois « vie à la mairie » et « vie participative ». Reste un message de Winspeare bien réel :
« La vita in comune, à travers les histoires qu’il raconte, est une comédie sur les implications et les possibilités que le vie offre à chacun de nous. » Un film d’une simplicité confondante pourrait passer pour naïf si la sincérité et la chaleur humaine qui s’en dégagent n’étaient aussi intenses.
Informations pratiques
- Au cinéma dès le 24 avril 2019
Jeu-concours des places à gagner (terminé) réservé aux abonnés à notre lettre