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Publié le mardi, 28 mai 2013 à 08h30

Diaz, un crime d'État au cinéma

Par Emilie Voisin

Daniele Vicari a réalisé de nombreux courts, longs métrages et documentaires. Avec Diaz, il s'attaque à une sombre part de l'histoire italienne: les évènements qui se sont déroulés pendant le G8 à Gênes en 2001, que Amnesty International a définit comme "la plus grave atteinte aux droits démocratiques dans un pays occidental depuis la seconde guerre mondiale".

En 2001, pendant la dernière journée du G8 de Gênes, quelques instants avant minuit, plus de trois cents policiers prennent d’assaut l’école Diaz, à la recherche des militants du Black Bloc.

Dans l’établissement, se trouvent quatre-vingt-dix activistes, dont la plupart sont des étudiants européens accompagnés de quelques journalistes étrangers, qui s’apprêtent à passer la nuit à même le sol de l’école.

Alors que les forces de l’ordre font irruption, les jeunes manifestants lèvent les mains pour se rendre. Imperturbables et implacables, les policiers se livrent à des exactions préméditées d’une violence inouïe, frappant indifféremment jeunes et vieux, hommes et femmes.

̀Le réalisateur italien raconte: "à la lecture des témoignages on ne peut qu’être bouleversé : on a même du mal à dormir la nuit tant cela entache notre démocratie de manière profonde. Et cela remet aussi en question ce vieux cliché selon lequel certains faits ne peuvent se produire que sous un régime autoritaire.

C’est pour ces raisons que j’ai tout de suite eu envie de regarder ces événements en face, sans détour, et de tenter d’en comprendre les fondements car ils me concernent, et qu’ils font partie de ma vie, en tant que citoyen italien et européen.

Le tournage a été assez difficile, mais les comédiens comme les techniciens s’y sont consacrés corps et âme. Diaz me fait un peu penser à un film de guerre, mobilisant beaucoup de cascades, des effets spéciaux, de nombreuses voitures et énormément de moyens techniques.

En Roumanie, nous avons reconstitué la Via Battisti sur 250 m2 de plateau qui, en soi, était une véritable prouesse artistique. C’était impressionnant de voir ce décor prendre forme au fil des semaines de préparation : tout un quartier de Gênes est sorti de terre dans un immense chantier des environs de Bucarest !

Pendant le tournage, j’ai eu du mal à réaliser les séquences les plus violentes car, dans ces moments-là, j’ai pris conscience, au plus profond de moi, de la terrible brutalité qui s’est déchaînée dans l’école. Je m’interrogeais sans cesse pour savoir jusqu’où je pouvais aller dans la description de cette violence, quel sens pouvait avoir cette violence extrême et d’où elle provenait, et quelle était cette démocratie qui me mettait à nu, qui me violait et qui me privait de mon identité et de mes droits."

Diaz, un crime d'État (Diaz), mise en scène : Daniele Vicari. Scénario : Laura Paolucci et Daniele Vicari. Avec : Claudio Santamaria (Max Flamini), Jennifer Ulrich (Alma Koch), Elio Germano (Luca Gualtieri).

Notre critique

Informations pratiques
Dans les salles
Dates : à partir du 5 juin 2013

jeu-concours des places à gagner (terminé) réservé aux abonnés à notre lettre

Affiche du film diaz de daniele vicari
Dans les salles, à partir du 5 juin 2013 jeu-concours (terminé)