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Publié le mercredi, 5 juin 2013 à 08h00

Violence d'État

Par Emilie Voisin

Certaines scènes sont d’une violence insoutenable. Diaz reste un film, une fiction mais il est inspiré de faits réels et c’est ce qui le rend effrayant. Les événements, qui se sont déroulés pendant le G8 à Gênes en 2001, ont ensuite donné lieu à deux longs procès qui n’ont toujours pas rendu leurs conclusions.

Aucune chaîne de télé n’a voulu coproduire le film et aucun des grands distributeurs n’a voulu le distribuer (Domenico Procacci l’a financé et distribué) tant le sujet est encore sensible en Italie.

La prise d’assaut de l’école Diaz par 300 policiers, à la recherche de militants extrémistes (Black Bloc) et le « massacre » qui en a suivi reste une part sombre de l’histoire récente italienne et surtout une grave atteinte à la démocratie occidentale.

Le film reflète parfaitement la grande confusion, la perte de repères et le chaos qui a lieu pendant ces journées de manifestations en juillet 2001. Daniele Vicari part d’un événement qui paraît anodin et, à travers un flash-back récurrent, offre différents niveaux de narration qui se mêlent aux divers points de vue incarnés par les protagonistes du 21 juillet: des manifestants, des journalistes, des italiens et étrangers, les CRS sous tension, le gouvernement italien…

Le spectateur, comme les manifestants, prend de plein fouet la violence extrême, gratuite, perpétrée par les représentants de l’État et érigée en « loi » afin de rétablir l’ordre.

Diaz a le mérite de mettre en lumière cette grave atteinte à la dignité humaine, dont on a peu parlé et de secouer les consciences, par un film coup de poing.

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Critique du film Diaz