Publié le lundi, 17 février 2014 à 08h49
Come prima, album BD de Alfred
Il y a douze ans je lisais mon dernier Dylan Dog dans ma chambre, et là je viens de terminer "Come prima" d'Alfred. La magnifique reliure de Delcourt semble certifier mon passage à l'âge mûr.
Je pense aux amis passionnés par les bandes dessinées et je me demande ce qui les attire dans cette forme littéraire. Ce n'est peut être pas l'histoire .
"Come prima" conte les retrouvailles de deux frères, Fabio et Giovanni : l'un, ancienne chemise noire, fuit une famille qui ne le comprend pas ; tandis que l'autre tente de le ramener chez eux, par respect pour un père gravement malade. Les deux prennent la route en Fiat 500 vers leur Italie natale avec une fausse urne de leur père sur la banquette arrière. Ils rencontrent des personnages négligeables et traversent des paysages intéressants.
Non, ce n'est pas le thème du fils prodigue qui fascine mes amis, l'évangile est plus intense et moins long. Je devrai chercher ailleurs. Je fais le test des yeux fermés et deux choses me viennent à l'esprit : les bandes des souvenirs et les pains étalés au soleil.
Un pâle orange estival, parfois un jaune, interrompent le fil de l'histoire et nous plongent dans les souvenirs d'enfance des protagonistes. Le contraste entre la figure incertaine d'Alfred et l'explosion des couleurs rend particulièrement bien la souffrance fascinante des souvenirs. Ces incrustations ont le mérite de nous rapprocher du monde intérieur des personnages, qui à part cela reste plutôt distant et imperméable. En plus dans une autre bande Fabio parle avec la mère de son fils pendant qu'elle tend les couvertures. Je ne me souviens pas avoir jamais eu la sensation du bruissement des draps comme dans cette bande, pas même dans le film d'Ettore Scola, avec Loren et Mastroianni.
Je commence peut-être à comprendre. Si tout se situe dans le trait du dessin véhiculant l'émotion, "Come prima" est certainement un excellent album.
Les dialogues et les personnages sont trop conventionnels, mais peut-être n’est-ce pas cela qui compte vraiment. Quand l'histoire et ses protagonistes s’estompent dans les souvenirs, il reste les lignes et les couleurs.
Parfois j'ai envie de juger une œuvre simplement a partir des sensations qu'elle m'a laissée. Je ferme les yeux une autre fois et les draps qui flottent au soleil sont encore là.
Informations pratiques
Come primaAuteur : Alfred
Éditeur : Delcour
Prix : 25,50 €