Les Écrivains inutiles, roman d'Ermanno Cavazzoni

Par Luisa Palazzo

Prenez un individu quelconque, mettez-le dans une école d’écriture et suivez le cours de son initiation au métier d’écrivain. N’importe quelle est la situation de départ du sujet, le résultat sera toujours le même : un écrivain inutile.

Avec son dernier ouvrage, Ermanno Cavazzoni démontre l’irréfutabilité de cette thèse en combinant les contingences de la vie avec les vices que chaque école d’écriture qui se respecte offre à ses élèves. Ainsi, « les écoles que l’on fréquente, les familles qui nous adoptent, les brimades que l’on subit, les espoirs qui s’envolent, les fantômes qui nous visitent, les vagabonds que l’on finit par devenir et les démences auxquelles on n’échappe pas » sont mis en relation avec les sept vices capitaux  (luxure, gourmandise, avarice, paresse, envie, colère et orgueil) et visualisés sur un tableau contenant toutes les combinaisons possibles des parcours qui mènent à l’inutilité dans l’écriture.

À chaque combinaison correspond un chapitre du livre, que Cavazzoni a donc conçu à la manière d’un manuel à l’usage des écrivains débutants, parce que, comme il l’explique, « quiconque veut devenir écrivain inutile n’a qu’à s’exercer ». Mais aussi parce que, dirions nous, sa vision de la littérature est l’une des inventions les plus ingénieusement "inutiles" de notre Histoire.

Né à Reggio Emilia, en 1947, Ermanno Cavazzoni a le goût des listes, du paradoxe, et des figures excentriques. Il écrits des portraits d’idiots, des généalogies d’écrivains ratés ou des histoires de géants. Il est aussi l’auteur de parodies et d’une traduction de Jacques de Voragine. Son roman Le Poème des lunatiques a inspiré La Voce della luna à Federico Fellini.