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Publié le dimanche, 19 avril 2009 à 11h45

Un éte à la mer de Giuseppe Culicchia

Par Stefano Palombari

Luca et Benedetta se connaissent depuis six mois et sont mariés depuis dix jours. A chacun son idée fixe. Lui, quadragénaire, est obsédé par les complots et les maladies imaginaires, elle, la trentaine, par sa copine Tarita, qui la hante avec ses réussites. Avec drôlerie et légèreté Culicchia nous raconte le voyage en Sicile de ce « jeune couple ». Chacun suit son fantasme qui ne correspond pas à celui de l’autre.

Benedetta est une milanaise gâtée, inculte et superficielle, qui a extorqué à Luca la promesse de concevoir un enfant pendant leur séjour sicilien. Luca est charmé par la plastique de cette jeune fille aux jambes « longuissimes » et au gros orteil « démesuré », de 10 ans sa cadette. Mais lorsqu’aux yeux de son épouse, il n’est plus qu’un mâle reproducteur, remplir sa nouvelle mission se révèle très ardu.

Mais pourquoi avoir choisi la Sicile, et Marsala en particulier, pour cet été 2006, où toute l’Italie retient son souffle pour l’équipe nationale ? Ce sont les terres de l’enfance de Luca. Dans son esprit, Sicile rime avec le bonheur perdu, lié à la présence d’un père qui l’a quitté trop tôt. Il pensait, naïvement, relier le bien-être du passé à celui du présent. Mais le résultat est catastrophique. Les fantômes de sa jeunesse, abandonnés sur l’Ile, ne tardent pas à rejoindre le couple.

Par le biais de ces jeunes mariés et des gens qui les entourent, Giuseppe Culicchia nous offre un portrait au vitriol de l’Italie d’aujourd’hui. Un pays totalement désertifié, éthiquement et moralement. Un peuple qui désormais ne jure plus que pour les gadgets. A l’instar de sa classe politique, dont les faits et gestes nous sont relatés au quotidien par Luca, lecteur boulimique de journaux, qui se charge sur la plage de faire la revue de presse à sa tendre moitié, totalement imperméable.
Le texte est parsemé de passages absolument hilarants où la vacuité et la futilité des discours de la riche bourgeoisie italienne sont mises en exergue avec maestria. Comme, par exemple, lorsque l’auteur nous met en parallèle la conversation téléphonique de Benedetta avec sa copine Tarita et le texte sur le crépuscule des civilisations que Luca lit en même temps. C’est un livre très plaisant, qu’on a du mal à quitter avant de l’avoir terminé.

Informations pratiques
Un éte à la mer
Auteur : Giuseppe Culicchia
Éditeur : Albin Michel
Traducteur : Françoise Brun
Prix : 15 €
Parution : avril 2009

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Un éte à la mer de Giuseppe Culicchia - Couverture
Albin Michel, avril 2009, 15 €