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Publié le mardi, 2 novembre 2021 à 09h47

Tre piani de Nanni Moretti prochainement au cinéma

Par Amélie Ravaut

Margerita Buy dans une scène de Tre Piani - photo Alberto Novelli

Le nouveau film de Nanni Moretti, Tre piani, sortira dans les salles le 10 novembre prochain. Présenté en sélection officielle à Cannes l'été dernier, le film est une adaptation libre du roman Trois étages (Gallimard, 2018) de l’écrivain israélien Eshkol Nevo et en transpose l’action de Tel-Aviv à Rome.

Centré sur la vie des habitants d’un immeuble, le film dévoile une vision en demi-teinte des relations sociales, familiales et intergénérationnelles. Faisant s’échelonner le récit sur une dizaine d’années, Moretti propose une réflexion sur la filiation, le cheminement que prend le pardon à travers le temps et les conséquences de nos actes, avec une gravité qui peut déconcerter. Le film s’ouvre d’ailleurs sur une première scène exposant les lignes de fracture à suivre. Au pied de l’immeuble dont il sera question, trois personnages se croisent pour trois destins différents : une mort tragique, une jeunesse brisée, la venue au monde d’un enfant.

Au premier étage de cet immeuble, habitent Lucio (Riccardo Scamarcio), Sara (Elena Lietti) et leur fille de sept ans, Francesca. Débordés par le travail, ils confient régulièrement la petite au couple de voisins retraités, Giovanna et Renato. Un soir, alors qu’il devait s’en occuper, le vieil homme disparait plusieurs heures avec l’enfant. Lucio tentera par tous les moyens de découvrir ce qu’il s’est passé, imaginant le pire. Au deuxième étage, vit Monica (Alba Rohrwacher), en couple avec Giorgio (Adriano Giannini), un ingénieur en déplacement la plupart du temps. En prise avec la solitude et fragilisée par la peur de devenir comme sa mère, hospitalisée pour troubles mentaux, elle donnera naissance à son premier enfant, inquiète de perdre pied. Enfin, au troisième et dernier étage, réside le couple de juges Dora (Margherita Buy) et Vittorio (Nanni Moretti) ainsi que leur fils Andrea (Alessandro Sperduti). Une nuit, le jeune homme, conduisant en état d’ivresse, tue accidentellement une femme. La relation entre le père et le fils, déjà tendue, va voler en éclats lorsque Vittorio refusera de lui venir en aide.

Les trois histoires se développent en parallèle sur une décennie et se connectent entre elles à quelques occasions, dressant une sorte de chronique à échelle macroscopique qui part d’un événement « détonateur » pour en suivre ses répercussions dans le temps et chez les individus. Le portrait que dresse Moretti de ses personnages est en effet peu flatteur et assez pessimiste, mettant en avant le repli sur soi, l’égocentrisme, la méfiance et la colère. Au cheminement vers le pardon s’oppose la question de la justice, qu’elle soit légale ou personnelle. Son discours semble également, puisqu’il met en scène des foyers de différents âges, vouloir englober toutes les générations. Chose étrange, les instants de liberté, de légèreté et d’espoir qu’il convoque sont ici associés à la folie, à la démence ou au traumatisme, faisant des lésés qui ne réclament pas justice, les plus raisonnables de tous.

Informations pratiques
  • Tre piani de Nanni Moretti au cinéma dès le 10 novembre 2021

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