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Publié le mardi, 7 janvier 2014 à 15h28

Tout Verdi, dans la collection Bouquins de Robert Laffont

Par Stefano Palombari

J'ai toujours eu la tendance à me méfier des ouvrages aux titres définitifs et prétentieux. Ma première réaction, en recevant le livre, a donc été teintée de prudence à cause du « tout » et d'enthousiasme car Verdi est un compositeur que j'affectionne particulièrement.

Giuseppe Verdi est un sujet vaste, inépuisable. La bibliographie qui le concerne est monumentale (on rappelle en passant la très belle monographie que lui a consacré Pierre Milza) et très souvent redondante. Publier un nouveau livre sur lui (bicentenaire oblige) tout en prétendant à l'originalité et l'exhaustivité est indéniablement une entreprise difficilement réalisable.

Si on fait abstraction de l'originalité, on peut dire que cette publication tient ses promesses. Il s'agit d'un bon résumé qui va ravir tous les passionnés d'opéra italien. C'est un ouvrage collectif. Les contributions des différents auteurs permettent d'avoir un bon aperçu de la vie et de l’œuvre du Cigno di busseto (ainsi on appelle le compositeur en Italie).

La préface de Jean-Noël Schifano, qui a pour titre Il Lacerato spirito (citation de Simon Boccanegra), en dépit de son rôle, plonge déjà le lecteur in medias res. L'écrivain y aborde deux thèmes essentiels : la modernité provocatrice de Verdi, avec ces héros très peu héroïques au sens classique, et l'importance du destin.

A ce propos, l'écrivain s'arrête sur un épisode clef de l'enfance du compositeur, qui frôle l'anecdote. Le jeune Giuseppe était enfant de chœur, lorsque suite à une brusquerie du prêtre, il le maudit, en lui souhaitant d'être foudroyé. Quelques années plus tard c'était chose faite. Lors d'un orage, le curé fut frappé mortellement par la foudre. Depuis lors, le thème du destin et de la malédiction devint une sorte d'obsession pour le compositeur. Il serait central dans la plupart de ses opéras.

Une courte mais dense biographie de Verdi permet de réviser les passages importants de sa longue vie. Sa naissance à Roncole de Busseto. Son enfance, moins dure et pénible de ce qu'il voulait faire croire. Le rapport important avec la famille, aisée, de celle qui deviendra sa femme. Son premier opéra Oberto, jusqu'à son dernier Falstaff. Sans taire les traits moins glorieux de sa vie, son envie de s'exposer sans toutefois le faire vraiment. Sans oublier non plus ses rancunes tenaces comme celle qui frappa le pourtant dévoué ami et chef d'orchestre Angelo Mariani. Le malheureux fut littéralement écrasé par l'ire funeste du compositeur, dont les raisons restent mystérieuses.

Une fois la lecture de la biographie terminée, nous ne sommes qu'à la page 84 sur plus de 800. Qu'y a-t-il donc dans les 750 pages restantes ? C'est là, la force et l'originalité de cette publication qui quitte ainsi le rayon « lectures du soir » pour rejoindre celui des œuvres qu'on ne lit pas systématiquement mais qu'on consulte plus ou moins régulièrement, au fils des écoutes et des sorties à l'Opéra. Une sorte de petite encyclopédie. Sous le titre L’œuvre musicale, les auteurs du projet ont recensé toute la production « verdienne » avec description, historique, « fortune » et discographie. Et ce n'est pas tout, un dictionnaire des lieux, des personnes et des thèmes vient enrichir ultérieurement cet ouvrage, qui se termine par une anthologie des lettres de Verdi.

Informations pratiques
Tout Verdi
Auteur : sous la direction de Bernard Dermoncourt
Éditeur : Robert Laffont
Prix : 30 €
Tout Verdi - Couverture
Robert Laffont, 30 €