Michelangelo Antonioni, rétrospective à la Cinémathèque française

Par Marco Lotti

La Cinémathèque française vous invite à découvrir l'intégrale des films de Michelangelo Antonioni du 10 au 26 avril 2024. Grâce au partenariat que nous avons avec cet organisme important, nos lecteurs bénéficient d'un tarif préférentiel (les modalités de réservation dans les informations pratiques ci-dessous).

En rupture avec le néoréalisme, il raconte d'abord les crises existentielles de la petite bourgeoisie italienne (Chronique d'un amour), mais c'est L'avventura, coup de tonnerre cannois en 1960, qui le place sur l'échiquier du cinéma mondial. Suivent trois chefs-d'œuvre avec Monica Vitti, La Nuit, L'Éclipse et Le Désert rouge, autant de variations stylisées sur la solitude contemporaine. Auteur célébré, il enchaîne de grands films autour du monde, Blow-Up, Profession : reporter et Zabriskie Point, qui chacun à leur tour ont, eux aussi, redéfini la modernité cinématographique. Antonioni semblait toujours avoir un coup d'avance ; et de Dario Argento à Gus Van Sant, de Wong Kar-wai à Brian De Palma, son influence est aujourd'hui encore considérable.

La rétrospective s'ouvrira mercredi 10 avril avec Chronique d'un amour (Cronaca di un amore), le premier film du réalisateur. Avec son utilisation du plan-séquence et son esthétique sombre, le premier long d'Antonioni préfigure toute la modernité de son œuvre à venir. Crime social, ordre moral, engrenage vénéneux : à travers l'enquête diligentée par un riche industriel sur le passé de son épouse, le cinéaste propose sa propre interprétation du film policier, décortique les secrets de la bourgeoisie, ajoutant ça et là des touches de romanesque. Mais sa Chronique est surtout une ode somptueuse à la beauté nocturne de son interprète, Lucia Bosè, qui réinvente la vamp italienne, prend des airs de Louise Brooks et traverse avec élégance l'opacité charbonneuse de chaque plan