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Publié le jeudi, 26 décembre 2019 à 09h56

Tommaso, nouveau film d'Abel Ferrara

Par Amélie Ravaut

Une scène de Tommaso, film d'Abel Ferrara

Le nouveau film du réalisateur américain Abel Ferrara, Tommaso, sortira en salles le 8 janvier prochain, après une sélection au dernier Festival de Cannes dans la section Projections spéciales. Résidant désormais à Rome, Ferrara propose, depuis une dizaine d’années, une filmographie dans laquelle l’Italie à une place prépondérante et où la dimension autobiographique et documentaire ne cesse de se resserrer. Tommaso, en écho à Pasolini (2014) se déroule là aussi dans la capitale et met en scène, dans le rôle principal de l’alter-ego, Willem Dafoe qui troque ici le personnage de l’intellectuel assassiné pour celui d’un cinéaste tourmenté.

Tommaso, un réalisateur américain, vit à Rome avec sa jeune femme Nikki (Cristina Chiriac, la femme de Ferrara) et leur fille Deedee (la petite Anna, fille du couple). Il prend des cours particuliers d’italien, tente de mener à bien son prochain projet, anime des ateliers de théâtre, fait les courses et son yoga, prend son café au bar du coin, emmène sa fille jouer au parc, regarde la télé-réalité et se rend, les vendredis soirs, à un groupe de parole pour anciens toxicomanes.

Ces situations, qui font l’essentiel de la trame du film, dessinent un premier niveau, qui serait celui de la quotidienneté, de la réalité, de la vie « rangée ». Avec ses images d’un monde contemporain bigarré, de sons environnants entremêlés, de situations de la plus grande banalité et prises sur le vif, de discussions ordinaires parfois improvisées, Ferrara expose son personnage et ceux qui l’entourent à une dynamique de répétitions/variations que tout à chacun peut connaître et reconnaître.

Mais ce premier niveau, dont les tours et les détours pourraient sembler en adéquation avec la succession des journées de ce couple, s’enraye, comme le pistolet que Tommaso finira par utiliser. La rédemption n’est pas chose si facile et le réel, ainsi mis en scène, est troué par des percées hypnotiques, des rêves, des hallucinations qui finissent par contaminer le tissu narratif au point de nous faire douter de la véracité de certaines scènes. Le cinéma de Ferrara a bien souvent joué de ces ruptures et hiatus : dans Tommaso, dont la dimension autobiographique est assez indéniable, le réalisateur fait entrer en résonance intériorité et monde extérieur, art et trivialité, instincts et volonté de compromis. On en vient ainsi à se demander, en voyant Tommaso changer une ampoule, à quel moment tout cela va vaciller.

Informations pratiques

Au cinéma à partir du 8 janvier 2020

Jeu-concours des places à gagner (terminé) réservé aux abonnés à notre lettre