Publié le mercredi, 12 août 2015 à 12h29
Temporanea Formafantasma à l'Institut culturel italien
Dans le cadre du programme de résidences d’artistes Les Promesses de l’Art, l’Institut culturel italien de Paris présente l’exposition Temporanea Formafantasma, du 2 au 30 septembre 2015.
Notre fascination pour les objets naît de la capacité qu’ils ont à représenter l’histoire de l’humanité et les possibles scénarios du futur. Nous envisageons le design comme une discipline conçue pour mettre en cause et pour témoigner des changements non seulement culturels, mais aussi sociopolitiques. Et pourtant, nos travaux ont toujours pour point de départ des idées et des intérêts personnels.
La transposition de ces intuitions dans un projet implique la transformation de nos idées personnelles en concepts plus larges et sujets au partage. En tant que designers, nous opérons à la manière d’un filtre. Nos projets sont le fruit d’un processus de distillation. Quand nous travaillons, nous savons toujours quel est notre point de départ, mais nous ne savons jamais quel sera notre point d’arrivée.
Depuis le début, le travail de l’agence Formafantasma se caractérise par une certaine manière de regarder en arrière tout en tissant de nouvelles trames, de nouvelles histoires qui se greffent sur les précédentes. La mémoire et le souvenir deviennent l’occasion de se rattacher à un cycle d’expériences plus vaste et plus durable. Se tourner vers le passé constitue donc le premier pas pour regarder devant soi, dans le présent et au-delà, comme le souligne l’une de leurs déclarations d’intention: «Looking back for looking forward» (Regarder en arrière pour aller de l’avant).
Le recours aux méthodes traditionnelles de production artisanale devient donc l’instrument d’une enquête critique sur les modalités du faire, un instrument qui reste étranger à toute nostalgie. Le but de Formafantasma est de détecter les procédés, d’éclairer les motivations, de découvrir les causes qui conduisent à la création d’objets usuels, qu’ils soient considérés pour leurs matériaux, leurs formes ou leurs modes de réalisation.
La forme n’est donc que le dernier acte, le résultat d’un travail spéculatif qui s’ouvre au réel pour saisir les signes d’une lecture puisant autant dans la science que dans l’art, dans la technique que dans la poésie, dans les détails que dans le symbole. Aussi, la progression de l’exposition Temporanea est-elle l’occasion de démêler le fil de cette histoire à la fois précise et cohérente, fidèle à elle-même et toujours prête à se renouveler en s’adaptant à de nouvelles pistes de recherche. Chaque objet incarne un projet plus vaste que les deux designers abordent dans un mélange inédit de raison et d’intuition savamment dosées.
L’exposition que le duo de Formafantasma présente à Paris, nous offre donc le tableau des éléments d’une méthode de projection du design, la mise à nu d’une forme mentale, plus encore qu’elle ne constitue la synthèse de cinq années d’études et de réalisations. Chaque objet illustre la manière dont est défini progressivement le choix d’un fil conducteur : il peut s’agir d’un matériau, mais aussi de l’histoire d’un objet ou d’un individu. Ce fil permet de retrouver les techniques et les figures du passé, emplies d’une nouvelle sève créatrice par ce regard original qui saisit en profondeur mais avec légèreté les fragments d’une histoire s’écoulant sans cesse. Domitilla Dardi
Le Sicilien Andrea Trimarchi (né en 1983) et le Vénitien Simone Farresin (né en 1980) forment un duo de designers, le Studio Formafantasma, basé à Amsterdam. Leur collaboration a commencé durant leurs années d'études à l’ISIA (Istituto Superiore per le Industrie Artistiche) de Florence et s’est consolidée pendant leur master à la Design Academy d’Eindhoven (Pays-Bas), où ils ont tous deux obtenu leur diplôme en 2009.
Dès lors, les Formafantasma ont développé un ensemble d’œuvres caractérisées par une recherche constante et par l’expérimentation de matériaux inhabituels – tels que des polymères provenant d’insectes, des vessies d’animaux, de la lave, des fibres de basalte – ainsi que par une réflexion sur la relation entre conception et artisanat, entre tradition et culture locale. Ils adoptent une approche critique du développement durable et de la signification des objets en tant que vecteurs culturels.
Les Formafantasma conçoivent leur rôle de designers comme un pont entre les entreprises, l’industrie, les utilisateurs et les objets. Ils veulent renforcer les liens existants entre un travail de conception basé sur la recherche et son application à l’industrie du design au sens large. Leur démarche leur permet de compter différentes marques parmi leurs clients, dont Fendi, Established and Sons, J.&L. Lobmeyr, et certaines galeries comme Droog, Libby-Sellers et la Galleria O. Tant pour leurs travaux de commande que pour leur recherche théorique, Trimarchi et Farresin sont attentifs à une utilisation consciente des ressources naturelles. Ils consacrent la même attention rigoureuse aux processus et aux forces politiques, historiques et sociales qui régissent implicitement chaque contexte dans lequel ils travaillent.
Leurs œuvres sont présentes dans les collections permanentes de plusieurs musées, dont le Victoria and Albert Museum à Londres, le MoMA et le Metropolitan Museum of Art de New-York, l’Art Institute de Chicago, le Musée du Textile de Tilburg, le Stedelijk’s-Museum’s-Hertogenbosch, le MUDAC de Lausanne, le Mint Museum of Craft and Design de Charlotte (Caroline du Nord), le Mak de Vienne et le Centre National des Arts Plastiques à Paris. En 2011, Formafantasma a été désigné comme l’une des vingt agences de design les plus prometteuses au monde par Paola Antonelli, conservatrice du département Design au MoMA de New-York et Alice Rawsthorn, critique au New-York Times. Les deux designers donnent des cours dans différentes institutions et enseignent actuellement au département Man & Well Being de la Design Academy d’Eindhoven.
Les Promesses de l’Art est un programme qui vise à promouvoir en France les jeunes talents italiens dans le domaine de l’art figuratif, de l’architecture, de la musique, de la photographie, du cinéma et de la littérature. Tous les mois l’Institut culturel italien de Paris accueille un artiste dans les locaux historiques de l’Hôtel de Galliffet, mettant à sa disposition des espaces et s’engageant à présenter le projet que l’artiste aura réalisé au cours de sa résidence.
Informations pratiques
- Institut culturel italien
- 73, rue de Grenelle Paris 75007 Paris
- Du 2 au 30 septembre 2015, du lundi au vendredi 10h-13h/15h-18h