Publié le lundi, 11 octobre 2021 à 11h10
Storia di vacanze au cinéma : sombre conte d’été
Le second long-métrage de Fabio et Damiano D’Innocenzo sort au cinéma le mercredi 13 octobre. Couronnés de succès avec Frères de sang en 2018, leur première réalisation, les deux jeunes frères, totalement autodidactes dans la mise en scène, signent avec Storia di vacanze, un scénario prenant (Ours d’Argent à Berlin) à l’allure de sombre fable. Le titre original, Favolacce, retranscrit d’ailleurs bien l’idée que le conte auquel nous allons assister n’est pas de ceux qui se terminent par « et ils vécurent heureux … ».
Le récit, oscillant étrangement entre réalité et invention, est pris en charge dès le début par un narrateur en voix-off, qui nous indique avoir trouvé dans les détritus le journal intime d’une petite fille. Quelque peu cynique, après avoir hésité à le remettre à la poubelle en ayant auparavant arraché les pages vierges pour en faire du brouillon, il débute néanmoins son récit en lisant/incarnant l’enfant. On se retrouve alors, le temps d’un été, dans une zone pavillonnaire des alentours de Rome, à entre-apercevoir le quotidien de cinq familles liées entre elles par leurs enfants, camarades de classe et détenteurs d’un secret.
De nombreux films ont pris le parti de mettre en scène un groupe d’enfants ou de jeunes, de suivre leurs aventures, bien souvent émancipatrices ou révélatrices, voire rédemptrices, d’adopter leur point de vue, de se caler sur leurs visions, leurs attentes, leur imaginaire. Mais le film des frères D’Innocenzo est un film douloureux. Douloureux pour ses personnages, douloureux plus encore pour son spectateur. Car peu à peu, sans véritablement qu’on s’en aperçoive, les ramifications du récit convergent en un point nodal et les choix de mise en scène prennent, après-coup, tout leur sens.
Les réalisateurs ont indiqué avoir voulu utiliser les moyens cinématographiques pour cette histoire, sous-entendant que les propriétés de l’image et du son révéleraient mieux que l’écrit leur propos. Les tonalités chromatiques tirant vers le verdâtre, le travail sur le ralenti, les effets sonores de dissonances et résonances, la récurrence de plans généraux qui nous éloignent des personnages ou les effets de mise au point qui rendent floues certaines zones de l’image et surtout cette étrange sensation d’envahissement global par le silence concourent à placer le spectateur en lisière d’une frontière qu’il perçoit, de fait, sensiblement et physiquement. D’un côté le monde des adultes, de l’autre celui des enfants. Mais on ne pénètre ni l’un ni l’autre. On progresse juste sur une ligne, celle de l’écriture manuscrite d’une enfant.
Informations pratiques
- Au cinéma dès le 13 octobre 2021
Jeu-concours des places à gagner (terminé) réservé aux abonnés à notre lettre