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Publié le lundi, 10 mai 2010 à 15h52

Don Lorenzo, Da Ponte et la naissance du Don Giovanni de Mozart

Par Stefano Palombari

Ce film comble une lacune du cinéma, celle de ne s'être jamais intéressé à ce personnage extraordinaire que fut Lorenzo Da Ponte, le librettiste italien de Mozart. Abbé et libertin (ce qui était loin d'être rare à l'époque), ce fidèle ami de Casanova fut contraint de quitter la Sérénissime à cause de ses mœurs scandaleuses et de se réfugier à Vienne.

Là, il fit la connaissance d'abord de Salieri, puis de Mozart avec qui il collabora pour Les Noces de Figaro et ensuite pour Don Giovanni. Vu le thème du film, Carlos Saura a choisit de jouer sur deux registres entre grand écran et planches. Certains décors, notamment ceux des villes, sont empruntés au théâtre. Les immeubles de Vienne sont ostensiblement en papier mâché, ce qui donne au spectateur un aperçu des contaminations mutuelles entre la vie et l'opéra, les hommes et les personnages, jusqu'à la chute finale où ces deux dimensions se rejoignent.

Le sujet est indéniablement intéressant et original. Le langage cinématographique du réalisateur espagnol épouse bien son sujet. Cependant, on a l'impression que dans l'ensemble la mayonnaise ne prend pas. Une fausse note accompagne ce film pendant toute sa durée. Les acteurs sont un peu trop figés dans leur rôle respectif.

Mais ce n'est pas tout, le personnage de Mozart singe pathétiquement celui de Miloš Forman. Il est sûr que la chute bien pensante, le happy-end, n'arrange guère les choses : Lorenzo Da Ponte (celui de Saura bien évidemment) fait amende de tout ses péchés, désavoue sont ancien camarade Casanova, pour se ranger et mener une vie « comme il faut ». La création de Don Giovanni deviendrait donc une sorte de thérapie normalisatrice.