Repenti, roman de Arturo Buongiovanni

Par Stefano Palombari

Ce roman explique bien les mécanismes de la camorra et le programme dont bénéficient les collaboratori di giustizia, les repentis. Ferdinando, un tueur dépourvu de scrupules et d'états d'âme décide de collaborer. Auricchio, vieux commissaire à Torre Annunziata, l'un des fiefs de la comorra, la mafia napolitaine, y est pour beaucoup.

Ferdinando, comme beaucoup de jeunes gens de la région, est entré dans l'organisation par hasard. D'autre y adhérent par nécessité. Quand on habite dans certains endroits on n'a pas forcément le choix. Et même lorsqu'on a décidé d'en rester en dehors, c'est la camorra même qui se charge d'engloutir les récalcitrants. Dans certains cas, il suffit tout simplement d'avoir la malchance de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment.

Une fois plongé, on n'en sort plus. Sauf si on se fait tuer ou arrêter. Ferdinando a été arrêté et sous les incitations de sa jeune femme et du commissaire Auricchio il accepte de « collaborer». Le programme de protection s'active autour des proches de Ferdinando. Tout semble très facile, une simple question de bonne volonté. Cependant, après une première période de relative sérénité, les difficultés s'enchaînent jusqu'à faire vaciller notre collaborateur à la veille du procès.

Arturo Buongiovanni maîtrise bien la matière dont il parle, car il est avocat. L'auteur explique avec clarté les rouages du système mafieux, ainsi que ceux de la justice pour le combattre. Rien à dire là-dessus.

Cependant, sur le plan de la forme narrative, le livre montre toutes ses faiblesses. Le style est anonyme et les personnages ineffables. En outre, Buongiovanni semble ignorer les nuances. On assiste à une séparation rigide et manichéenne du matériel humain. Des monstres aveugles d'un côté, des saints de l'autre.

Une fois repenti, Ferdinando et sa femme sont automatiquement entourés de personnages d'une bonté invraisemblable (des médecins toujours disponibles, des infirmières qui dévouent leurs journées et leurs nuits uniquement à leur fils, des policiers, des juges, disponibles et affectueux), avec qui on échange des embrassades et des accolades qui frôlent souvent la mièvrerie.