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Publié le mercredi, 18 septembre 2013 à 08h01

Ragazzo solo, ragazza sola

Par Emilie Voisin

Après dix ans d’absence (The Dreamers en 2002), Bernardo Bertolucci revient sur les écrans avec Moi&Toi, l’adaptation du livre du - très en vogue - écrivain italien Niccolo’ Ammaniti.

Désormais forcé à l’immobilité sur un fauteuil roulant, on sent qu’il a trouvé un certain confort ou une certaine affinité avec cette histoire qui se déroule presque entièrement dans une cave. Bertolucci explique qu’il a voulu transformer le sentiment de claustrophobie en « claustrophilie » : l’amour d’être enfermé dans des espaces confinés.

Lorenzo, le protagoniste, le « Moi » du titre en quelque sorte, en est un digne représentant ! Ado introverti, solitaire, un peu bizarre même (un Œdipe mal résolu qui en devient comique !), il décide d’échapper à la semaine de ski avec sa classe (où il n’a aucun ami), en mentant à tous et en s’installant dans la cave de son immeuble.

Il a tout installé, tout préparé - les vivres, son ordi, sa musique, ses bouquins - pour que ce lieu devienne son petit paradis sous terre, sa « cabane », où il fera comme il l’entend et surtout où personne ne viendra l’embêter.

Ces quelques jours de solitude tellement rêvés sont bouleversés par l’arrivée impromptue d’Olivia, sa demi-sœur, tout son contraire : un peu folle, excentrique, speed mais finalement aussi paumée que lui.

Ils sont, chacun à leur manière, deux « parias », deux originaux, qui se sont auto-exclus de la société. Ils se retrouvent cachés dans cette cave, déterrent quelques secrets de famille, s’observent, s’affrontent, se rapprochent et comprennent, grâce à l’autre, qu’ils réussiront peut-être à retrouver le monde réel, changés et chargés d’une énergie nouvelle.

Les deux jeunes acteurs, issus d’un long casting, sont le mérite de ce film : grâce à eux, cet unique décor qui aurait pu être asphyxiant devient une sorte de grotte magique, le lieu de leurs jeux, leurs rêves, leurs colères, leurs désespoirs, leurs rires et surtout de leur transformation. Bertolucci, à 70 ans passés, a su se mettre à la hauteur de ces jeunes, il a partagé leur monde et les a regardés grandir.

"Ragazzo solo, ragazza sola" est une chanson présente dans le film, de David Bowie, qui reprend en italien "Space Oddity"

film de bernardo bertolucci, moi et toi
Critique du film Moi et Toi