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Publié le mercredi, 20 juin 2012 à 09h25

Présomption de culpabilité

Par Emilie Voisin

Il rentre chez lui au petit jour, commence à faire sa valise, s’interrompt - il semble fatigué, un peu agité - décide de prendre un bain, s’endort dans la baignoire. Le téléphone sonne, le réveille… il semble n’être pas totalement sincère avec la femme à l’autre bout du fil.

Tous les gestes de cet homme pourraient être anodins… mais ils deviendront par la suite suspects pour les agents de police, qui frappent à la porte de Alfredo Martelli, quelques minutes plus tard. Ils lui proposent une simple « conversation » avec le commissaire (« si vous avez la conscience tranquille, pourquoi ne pas nous suivre ? ») et l’embarquent sans autre forme de procès !

C’est une fois arrivé au poste que tout se joue : après une attente interminable destinée à user les nerfs et la patience du « suspect », qui en vient à douter et à se sentir coupable de tout, Alfredo Martelli est reçu par le Commissario Palumbo. Utilisant d’abord la technique de la feinte compassion contre la rustrerie de ses collègues, afin de mettre à l’aise l’inculpé et le « faire parler », le commissaire annonce brutalement à Martelli que Adalgisa De Matteis, son associée en affaires, mais aussi son amie et maîtresse, est morte… et qu’il pourrait bien être l’Assassin !

À travers cette intrigue policière conventionnelle qui laissera planer le doute jusqu’au dénouement final, le réalisateur Elio Petri aborde pour son premier film le thème de la culpabilité devant l’autorité et de la toute-puissance de la police (les méthodes d’interrogatoire et de reconstitution des faits sont en effet peu orthodoxes !) dans un climat de paranoïa latente.

À travers de nombreux flashbacks qui dynamisent la mise en scène, Marcello Mastroianni se souvient de certains épisodes de sa vie et avec lui, le spectateur découvre un séducteur malin et peu scrupuleux quand il s’agit de mélanger amour et affaires, prêt à « omettre la vérité » pour s’enrichir et faire la « bella vita ». Si la lâcheté et le mensonge étaient des crimes, Martelli serait bien coupable ! En remontant dans le temps, on sent d’ailleurs les regrets s'insinuer en lui, ses actions prennent une toute autre dimension maintenant qu'un crime a été commis.

Alfredo Martelli s’évertuera tout au long du film à prouver qu’il est innocent, dans des scènes à la limite de l’absurde. Elio Petri dénonce mais à l’italienne : le film qui aurait pu être tragique et sombre révèle une certaine veine comique. La fin est d’ailleurs pleine d’ironie et de légèreté. Les scrupules et les bonnes résolutions n’auront pas durer longtemps…

Marcello Mastroianni dans un scène du film de elio pétri l'assassin
Critique du film L'assassin