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Publié le mercredi, 16 décembre 2015 à 09h25

Pinocchio de Joël Pommerat d’après Carlo Collodi

Par Marco Lotti

Pinocchio de Joël Pommerat - une scène

L'Odéon Théâtre de l'Europe présente aux ateliers Berthier Pinocchio de Joël Pommerat d’après Carlo Collodi, jusqu'au 3 janvier 2016.

Qui donc est-il, ce Pinocchio dont a rêvé Joël Pommerat et qu’il destine d’abord aux enfants ? Un être effaré, naïf, ravi – donc plongé, ajoute-t-il, dans «un état profondément théâtral». Il a bien des défauts. Il a aussi dans sa manche plus d’un atout pour nous séduire.

Né d’un seul coup sans prendre le temps de mûrir, il ignore tout des lois de la patience et du travail. Il n’est pas venu au monde pour s’y ennuyer, mais pour y vivre le mieux possible. Être pauvre, très peu pour lui. Bref, c’est une tête de bois – un bois pas toujours très poli. Ni très sincère... Mais parfois, pour grandir, il faut commencer par le nez. Et après tout, «cette histoire extraordinaire et véridique à la fois» sert justement à faire sentir que «rien n’est plus important dans la vie que la vérité»... Créé à l’Odéon en mars 2008, cet envoûtant Pinocchio comble tous ses publics.

Pommerat le fait d’abord surgir d’un arbre, après un orage, comme un esprit de la nature. Il n’est alors qu’une voix impatiente de venir au monde, une silhouette qui rôde et récrimine dans l’ombre d’un rideau en attendant de rejoindre un corps. Pinocchio a soif d’être là, soif si intense qu’elle s’incarnerait presque dans la première bûche venue.

Son besoin fou et foisonnant de vivre et de se sentir vivre se traduit et se multiplie en appétits de son corps tout neuf : boire, manger, exercer sa langue, ses oreilles, ses yeux, et puis se dégourdir, bien sûr, agiter les mains et les pieds, arpenter le monde entier pour y trouver de quoi s’éblouir et s’émerveiller. La soif d’être là est aussitôt soif de mouvement, de voyage – bougeotte et curiosité, comme si Pinocchio, sans le savoir, brûlait de fuir à toutes jambes les racines dont il est issu.

Pinocchio de Joël Pommerat d’après Carlo Collodi. Avec Myriam Assouline, Sylvain Caillat, Pierre-Yves Chapalain, Daniel Dubois, Maya Vignando

Informations pratiques
  • Ateliers Berthier
  • 8, boulevard Berthier - 75017 Paris
  • Jusqu'au 3 janvier 2016 à 20h du mardi au samedi, 15h le dimanche, 15h et 20h les mercredis