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Publié le jeudi, 7 février 2013 à 08h17

Parsifal et l’Enchanteur, Louis II et Wagner, roman de Nicola Montenz

Par Stefano Palombari

D’emblée, vu le sujet et le profil de l’auteur, on pourrait penser à un roman pédant et ennuyeux. Mais, dès les premières lignes, le lecteur est bluffé. Montenz, n’est pas qu’un musicologue prêté à la littérature, il est un écrivain et un écrivain talentueux. Son écriture très fluide, sa subtile ironie et ses réflexions très drôles rendent la lecture extrêmement plaisante.

Les créations des grands artistes ont la fâcheuse tendance à déteindre sur leurs auteurs. Ceux, hommes ou femmes, qui réalisent des œuvres merveilleuses n’ont guère autant de qualités que leurs productions. Les coulisses sont très rarement aussi réjouissantes que la scène. Elles montrent les faiblesses de ses artistes et leurs contradictions, en leurs rendant, par conséquent, leur humanité.

C’est exactement ce que nous montre cet opus très réussi de Nicola Montez, loin des années-lumière des intentions glorifiantes des hagiographes. L’auteur manie avec maestria le miroir de Stendhal, celui qui montre le beau ciel bleu mais aussi les flaques d’eau. Le résultat est surprenant. Le grand Wagner, auteur de musiques d’une beauté et d’une intensité dramatique incomparable, monstre sacré du paysage lyrique de la fin du 19ème siècle, était en réalité un homme capricieux, intrigant, manipulateur, égoïste, fanatique, menteur, mégalomane… pour ne citer que ses principaux défauts.

En approfondissant les rapports entre Wagner, l’enchanteur, et le souverain bavarois Louis II, l’auteur nous offre un portrait du compositeur, bien loin de ce qu’on pouvait s’attendre. La force manipulatrice de Wagner et la fascination qu’il exerce sur le jeune Louis II sont, en partie, la clef de la réalisation de ses dernières compositions.

Le livre met en lumière le rôle fondamental joué par Louis II, pour la musique wagnérienne. Le souverain bavarois a cru en Wagner et lui a permis de composer, sans que le compositeur et sa « famille » aient à se soucier des problèmes matériels. Il vouait un véritable culte à son idole musicale. Têtu et passionné, il a continué à le soutenir malgré la découverte des mensonges et de la trahison du compositeur.

Dans son livre désacralisant, l’auteur ne se prive pas non plus de faire remarquer la faiblesse des textes des opéras de Wagner, bourrés d’excès, d’inconséquences, voire de contradictions. Le style pompeux et rhétorique du musicien, que ce soit dans les livrets, dans les nombreuses lettres et dans les (heureusement rares) publications, était absolument indigeste. Mais la musique de Tristan, de Tannhäuser, de la Tétralogie, et des autres opéras du compositeur, et l’incroyable force dramatique qu’elle dégage, détourne heureusement l’attention des spectateurs du texte. Parsifal et l’Enchanteur est un livre précieux dont les presque 300 pages du livre s’évaporent en quelques soirées de lecture captivante.

Informations pratiques
Parsifal et l’Enchanteur
Auteur : Nicola Montenz
Traducteur : Marc Lesage
Éditeur : JC Lattès
Prix : 19,50 €

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Parsifal et l’Enchanteur - Couverture
JC Lattès, 19,50 €