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Publié le samedi, 29 novembre 2008 à 15h44

Musique contre l'intolérance

Par Stefano Palombari

La connaissance et la compréhension n'ont pas forcément des parcours uniques. Le quartier de l'Esquilin à Rome est une zone très colorée de la ville notamment autour de la Piazza Vittorio. Depuis quelques années, la population est en train de changer. La gare Termini qui s'y trouve n'est pas étrangère à cette mutation. L’accueil des habitants n’est pas toujours très chaleureux et cette hostilité est exploitée par les partis politiques de droite. On est en 2002, Berlusconi est au pouvoir et son gouvernement prépare une loi très restrictive en matière d’immigration, la Bossi-Fini, du nom de deux ministres.

Mario Tronco, musicien du groupe Avion Travel, qui s’est installé à l’Esquilin depuis pas longtemps a une idée : profiter de cette hétérogénéité culturelle. Il a un beau rêve à forte valeur militante. Il décide donc de créer un orchestre qui représente la multitude des cultures musicales présentes dans le quartier. Agostino Ferrente se charge de filmer cette belle aventure. Dans une époque où l’étranger est utilisé pour effrayer l’électeur, en montrer les qualités est un acte révolutionnaire. Mais transformer ce rêve en réalité n’est pas une mince affaire.

Mario se heurte à plusieurs difficultés dont la première est de trouver les musiciens. Mais il fait preuve d’une ténacité hors pair. Même lorsque tout semble perdu, il s’accroche, il y croit. Le "festival Romaeuropa" les contacte pour qu’ils participent à l’édition 2002 prévue pour l’automne. On est au printemps, ils ont donc déjà un concert de prévu mais pas encore d’orchestre.

Ce projet se croise avec la bataille pour sauver le cinéma théâtre Apollo, qui est sur le point d’être transformé en salle de bingo. Ce théâtre historique serait un lieu parfait pour les concerts de ce futur orchestre. Et voilà que nos amis se réunissent dans le comité Apollo 11. Désormais les deux projets sont destinés à faire un bout de chemin ensemble.

Il s’agit d’un documentaire qui se regarde comme un film de fiction. Le spectateur partage les moments de joie et de désespoir avec les protagonistes. C’est un film important sur une aventure belle et généreuse qui nous réconcilie avec une réalité souvent trop dure à avaler.

Mario Tronco et Agostino Ferrente dans une scène du film critique du film L'Orchestra