Mayetti = Isabelle Mayaud + Roberto Saletti = Coeur de Cible

Par Francesco Romanello

Mayetti est le nom sous lequel Isabelle Mayaud et Roberto Saletti présentent le fruit de leur collaboration artistique. Ce duo franco-italien a la joie de nous inviter ce soir au vernissage pour l’inauguration de "Cœur de cible", l’exposition de "photures" (photo + peintures) qui signe leur participation à cette édition des "Portes Ouvertes" des AAB.

Ensemble, ils explorent l’empreinte et la trace, l’apparition et la disparition, plaçant au centre de leur réflexion le système marchand, son emprise et ses aspérités.

Au cours de ses précédents travaux, Mayetti a conduit une recherche presque sociologique sur les concepts de garantie, de sauvegarde et d’archivage, via des images volées à la numérisation, la photocopie de tickets, le stockage de données numériques. Cette poétique de l’empreinte fait de nous tous des traces, des objets traçables et tracés:

« La trace est l’effacement de soi, de sa propre présence, elle est constituée par la menace ou l’angoisse de sa disparition irrémédiable, de la disparition de sa disparition. Une trace ineffaçable n’est pas une trace » (Jacques Derrida, Mal d’archive - Une impression freudienne, extrait)

Avec "Cœur de cible" Mayetti approfondit l’idée du fichage, du listage et du comptage de nos vies et de nos identités, pratiques auxquelles s’oppose pourtant l’idée de l’irréductibilité de l’humain. S’amoncellent ainsi des photographies, des vidéos, des radiographies, des passages au laser, à la loupe, à la lunette, au monocle… Toujours plus de contrôle, d’encadrement : surveiller, punir...

Alors que les inquiétudes et les rhétoriques sécuritaires nous dominent et nous manipulent, Mayetti lance un message artistique clair, foucaldien et politique.