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Publié le mercredi, 6 avril 2016 à 19h57

Mauvaise graine (Non essere cattivo), un film de Claudio Caligari

Par Valentina Pasquali

mauvaise grain - scena film

On peut dire que désormais Ostia est devenue – dans l’imaginaire littéraire et cinématographique – une sorte de no man’s land où toute loi est suspendue.

Elle est comme ça dans la réalité d’aujourd’hui – on le lit dans les journaux – elle était comme ça dans les années soixante et soixante-dix – on le lisait dans les pages de Pasolini – et dans cette zone de non-droit tous les crimes sont possibles, comme le meurtre d’un poète aux dizaines de mobiles mais sans aucun coupable, le mystère comme seul verdict a fêté ses quarante ans.

Et dans les dernières réalisations cinématographiques italiennes on l’a vue comme la métaphore de la capitale d’un royaume éternel des malfrats dans « Suburra » de Stefano Sollima.

Pourquoi parle-t-on ici et encore de Pasolini ? Parce que dans cette terre le temps aussi semble s’être arrêté, passé et présent sont réunis par une humanité aux valeurs primordiales et pourtant immuables, un fil rouge spirituel qui traverse les époques et relie deux auteurs.

L’histoire se déroule en 1995, mais on ne voit pas une grande différence avec 2015 (année pendant laquelle le film a été réalisé, même s’il a eu une gestation très longue) ou avec la réalité décrite par le poète.

Cesare (Luca Marinelli) et Vittorio (Alessandro Borghi) ont grandi ensemble et ensemble ils essaient de survivre en vendant de la drogue, en faisant de petits vols et de petites escroqueries. Drogués, criminels, violents, cyniques, on assiste à leurs tentatives de rédemption – qui échouent toujours – mais on n’arrive pas à les voir comme des véritables méchants.

Si à Ostia la morale commune n’a pas sa place, les figures qui l’habitent sont douées d’une humanité profonde et sincère qui se mélange sans conflit avec le crime : Cesare s’occupe de sa petite nièce malade (la fille de sa sœur morte du SIDA) et Vittorio se révèle être un père affectueux.

Cette difficile cohabitation de sentiments est possible grâce au jeu d’acteur émouvant des deux protagonistes, qui exhibent des cernes, des larmes, joie et désespoir comme deux revers de la même médaille.

Le salut n’appartient pas aux équilibres d’Ostia, aucune rédemption n’est prévue ni possible, le seul lot n’est qu’une faible lueur d’optimisme dans l’avenir.

« Mauvaise Graine » (titre original « Non essere cattivo » – Sois pas méchant) est le troisième et dernier film de Claudio Caligari. Dans une cohérente continuité avec les deux précédents (« Amore Tossico » et « L’odore della notte », on peut le voir comme l’aboutissement et le testament spirituel et poétique de l’auteur, décédé juste avant la conclusion du tournage.

Valerio Mastandrea, grand ami du réalisateur et interprète de son long-métrage précédent, a produit et terminé l’œuvre, qui a été présentée au festival de Venise 2015 où Alessandro Borghi a remporté le prix Pasinetti. Le film est aussi candidate aux David di Donatello 2016 (les Oscars italiens) dans seize catégories.

À l’occasion de sa sortie nationale, Bellissima Film a le plaisir de mettre à disposition aux abonnés de la lettre de L’Italie à Paris (les adhérents à notre association seront prioritaires dans le choix des gagnants) des billets pour deux personnes valides pour n’importe quelle séance à partir de la date de sortie. Les billets seront envoyés par la poste.

Informations pratiques
  • Sortie nationale 11 mai 2016