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Publié le mardi, 17 novembre 2015 à 15h03

Ma mère (Mia madre), un film de Nanni Moretti

Par Valentina Pasquali

Une scène du film Ma Mère de Nanni Moretti

Encore une fois Nanni Moretti affronte le thème de l’inadéquation : la première fois, dans son film précédent « Habemus Papam », le sentiment de n’être pas à la hauteur du rôle, de la tâche qu’on s’est proposée ou que la société nous a attribuée concernait le domaine spirituel, et donc universel (puisqu’il s’agissait d’un Pape) ; cette fois dans « Mia madre » c’est Margherita qui ne se sent pas à la hauteur dans son rôle strictement humain, social et affectif, à la fois de réalisatrice, de mère et de fille.

Margherita est en train de tourner son film, sa vieille mère est à l’hôpital en fin de vie et elle essaye maladroitement de se débrouiller entre le plateau, l’assistance à sa mère, sa vie sentimentale désormais à la dérive, les troubles d’adolescente de sa fille qu’elle n’arrive pas à gérer, même pas à voir. C’est à ce moment-là qu’elle se trouve confrontée à son frère, toujours irréprochable, et à la figure monumentale de sa mère, compréhensive et passionnée enseignante de latin qui a été aussi une mère pour beaucoup de ses élèves ; alors qu’elle, Margherita, se rend compte qu’à son travail sa troupe la trouve insupportable.

Margherita est écrasée par cette figure gigantesque qui domine le film d’un lit d’hôpital. Les fonctions vitales de sa mère sont réduites au minimum mais celle-ci arrive pourtant à comprendre les troubles sentimentaux de sa nièce et à lui transmettre encore une fois la passion pour le latin. La mère, cette grande femme qui, jusque dans ses derniers moments, éclaire tout ce qui l’entoure, d’une lumière que Margherita n’avait peut-être même jamais aperçue, trop prise par ses névroses qui rendent aveugle au point de ne pas voir les conséquences que ses propres actes ont sur autour de soi.

La composante autobiographique reste forte même dans ce film, mais Moretti a laissé la parole à Margherita en se tenant à ses côtés dans le rôle du frère (apparemment) parfait: elle est réalisatrice, comme lui, avec plein de manies et un caractère assez difficile, comme lui, sa mère enseignait vraiment le latin au lycée et elle est morte récemment. Le thème du deuil de la mère n’est pas facile à traiter, il est pourtant universel car, inexorablement, il touche tout le monde.

Informations pratiques
  • En salle à partir du 2 décembre 2015