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Publié le mardi, 14 février 2012 à 16h51

Lui, elle et la lagune

Par Emilie Voisin

Venise, un jeune homme et une jeune femme sur un vaporetto : c’est ainsi que le film débute… et termine. Ce pourrait être un songe, une vie rêvée mais c’est bien réel car Camilla et Silvestro ont entre-temps vieilli de dix ans.

Ils se rencontrent en 1999, se cherchent, se perdent, se retrouvent, s’aiment, se détestent… jusqu’en 2009. Rendez-vous manqués, hésitations, incompréhensions pour eux et un peu de frustration pour le spectateur ! Mais ce n’est pas tant l’épilogue de cette histoire d’amour moderne qui intéresse le réalisateur que l’entrée dans l’âge adulte de ces deux post-ados, qui apprendront à mieux se connaître et à s’aimer.

C’est le premier long-métrage de Valerio Mieli, qui en a écrit le scénario (puis un livre également, Dieci Inverni) alors qu’il était encore étudiant au « Centro Sperimentale » de Rome (école nationale de cinéma), et réalisé avec une équipe et des acteurs, presque tous à leur première expérience. Chose rare en cette Italie vieillissante où, à trente ans, on est encore un « bamboccione » bon à rien !

D’ailleurs l’Italien confesse avoir mis beaucoup de lui, de ses relations, de ses sentiments dans le film et les personnages. (voir interview ci-dessous, ndlr) Camilla est réservée, solitaire, elle sait ce qu’elle veut, trace sa route mais finit par se perdre un peu. Silvestro est insouciant, immature, il ne sait pas vraiment ce qu’il veut mais finit par l’obtenir. Venise, quant à elle - personnage à part entière tant la Sérénissime imprègne les images - apparaît comme aucun touriste ne la verra jamais : quotidienne, déserte, mélancolique et féérique.

Le titre de cette romance « à l’eau de lagune » scelle le destin de nos héros, voués à vivre un hiver qui semble infini. La saison est comme une fenêtre ouverte sur la vie de Camilla et Silvestro: on les retrouve donc chaque année, parfois distants, parfois proches mais toujours emmitouflés.

Cet hiver long de dix ans semblent avoir en quelque sorte congeler les sentiments, en attente de jours meilleurs. D’ailleurs le dernier hiver n’en est plus tout à fait un: on est en mars, le soleil est là, Camilla et Silvestro aussi… Le printemps sera t-il le réveil des cœurs et des consciences?

Interview de Valerio Mieli par Émilie Voisin
Lui, elle et la lagune
Critique du film Dix Hivers à Venise