Les Traîtres, nouveau roman de Giancarlo De Cataldo

Par Stefano Palombari

Et si tous les maux qui affligent l’Italie d’aujourd’hui étaient liés à un péché originel inavoué ? La corruption, le clientélisme, le changement perpétuel de camps et d’alliances politiques… tout ça est le ciment de l’édification de cette nation, qui a eu lieu il y a 151 ans environ. Du moins, c’est ce que l’on ressent une fois la dernière page tournée de ce beau roman de Giancarlo De Cataldo.

C’est un livre politiquement incorrect. Les héros du « Risorgimento », période historique qui désigne le processus de constitution de la nation italienne, y sont dépeints comme des lâches, des hommes avides de pouvoir et d’honneurs, des corrompus et, surtout, des traîtres. Prêts à s’asseoir sur les valeurs qu’ils avaient défendues avec véhémence jusqu’à un instant auparavant, pour sauver leur peau ou pour s’enrichir.

On est bien loin de la représentation hagiographique à laquelle nous sommes habitués. Dans les programmes scolaires italiens, les protagonistes de la guerre pour l’unité avaient les stigmates des « sans tache ». Giancarlo De Cataldo s’est chargé de remettre les pendules à l’heure. Un portrait sans complaisance de ces « héros », dont on avait tendance à oublier la dimension humaine, avec les faiblesses et les contradictions qui en découlent. 500 pages de lecture captivante.