Le Professeur et la sirène de Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Par Stefano Palombari

Tomasi di Lampedusa n'a pas écrit que le Guepard. Il est vrai, en revanche, qu'il a commencé à écrire avec le Guepard, la même année. L'auteur sicilien fait partie de cette catégorie d'écrivains qui s'adonne à la pratique de l'écriture sur le tard. Et les résultats sont souvent à la hauteur des attentes.

Le volume publié par le Seuil, dans une traduction, précise au millimètre près, de Jean-Paul Manganaro, est un recueil de nouvelles, plus l'ébauche d'un récit. Celle-ci, qui occupe les premières pages de la publication, est le fragment d'une œuvre autobiographique complexe qui n'a jamais vu le jour. On y retrouve les atmosphères du Guépard, les palais siciliens d'une grandeur absolument surréaliste. La fortune des quelques notables et misère des plus nombreux. De cet ouvrage qui en prenant le départ du plus jeune âge de l'auteur devait atteindre les jours de la rédaction, nous n'avons que ses premiers souvenirs.

Les nouvelles se détachent, du moins en partie, du vécu de l'auteur pour se mesurer à la description de personnages et situations fictives. La Sicile reste cependant le fil rouge de toute la création littéraire de Tomasi di Lampedusa.

L'amour des filles également est très présent dans ces textes, particulièrement évident dans la nouvelle qui prête le titre au recueil. Un amour bridé dans la vie réelle par l’extrême timidité de l'auteur. Presque à offrir à son évident alter-ego littéraire l'audace qu'il ne possédait pas.

Un recueil très intéressant pour tous ceux qui se sont passionnés à la lecture du Guepard. On y retrouve le même goût de la description d'une époque à son crépuscule et le même amour profond et inébranlable pour son île.

Seuil 18 €