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Publié le samedi, 18 juillet 2020 à 10h00

Le jardin des Finzi Contini de Vittorio De Sica ressort en salles

Par Amélie Ravaut

Lino Capolicchio et Dominque Sanda dans une scène du Jardin des Finzi Contini de Vittorio De Sica

Le jardin des Finzi Contini, film de l’acteur et metteur en scène Vittorio De Sica, ressort au cinéma en version restaurée 4K le 22 juillet 2020. Réalisé en 1970 et adapté du roman de Giorgio Bassani Il giardino dei Finzi Contini (1962), il est l’un des derniers films du réalisateur. De facture classique et fidèle au roman, le film dépeint sur quelques années (1938-1943), la vie d’un groupe de jeunes gens dans la ville de Ferrare.

Le personnage principal, Giorgio, jeune étudiant juif issu d’une famille bourgeoise, se voit convié en compagnie de ses amis, dans la demeure des Finzi Contini, aristocrates notables de la région. Les nouvelles lois raciales interdisant les clubs sportifs aux non-aryens, leur jardin deviendra le lieu de rassemblement du groupe d’amis et, surtout, le terrain des amours contrariées de Giorgio et de la belle et mystérieuse Micol.

Tourné à l’orée des années 70, Le jardin des Finzi Contini fait partie de ces nombreux films qui, à cette époque en Italie, se proposaient de tourner le regard (et la caméra) vers le passé et, notamment, la période fasciste. Vittorio De Sica s’exprimait ainsi à propos du film : « Nous avons supporté le monstre du fascisme durant vingt ans, connu une guerre non voulue et assisté au massacre de six millions de juifs, et voilà qu’en Italie, certains jeunes arrivent avec des attitudes fascistes, des chants fascistes... un parti fasciste obtient des voix. Aussi il m’a semblé nécessaire d’apprendre aux jeunes ce que furent les années 40 en Italie. J’aurais pu faire le film avant, mais c’est Zurlini qui avait d’abord été sollicité. Ayant abandonné son projet, j’ai eu la chance de pouvoir le mener à terme. Je crois avoir été très explicite. Lorsque je montre l’espoir de ces gens de revenir en Italie, lorsque je les montre peu soucieux des menaces qui pèsent sur eux, lorsque le père dit «Mussolini, c’est mieux qu’Hitler», lorsque le fils reproche de n’avoir pas levé le doigt quand certaines personnes étaient persécutées, je pense avoir bien reflété la situation de l’époque. »

Cette dimension explicite, quasi démonstrative est en effet très visible dans le film. Outre la mise en scène et son souci d’exactitude dans la reconstitution des décors, des costumes, des atmosphères et des pratiques sociales, il est surtout question de documenter le climat politique de l’époque, de transmettre une idée de ce qu’a été l’état d’esprit de ces jeunes gens face à ce qui leur était progressivement ôté en terme de droits, de liberté et donc, de futur. Le duo Micol-Giorgio (Dominique Sanda – Lino Capolicchio) avec leurs visages d’une pureté troublante, quasi gémellaire, inscrit au cœur de cette histoire collective un moment de rencontre entre deux êtres et restitue une complexité voire une énigme salvatrice face à des lois inhumaines. Le personnage de Micol, insaisissable et fuyant, semble entièrement tourné vers le passé et le souvenir de ce qui a été, comme si elle était consciente, déjà, que de sa famille et des autres familles juives de Ferrare, il ne restera que des images évanescentes dans les rues désertes.

Informations pratiques

En salles à partir du 22 juillet 2020