La Nuit derrière moi de Giampaolo Simi

Par Stefano Palombari

La Nuit derrière moi est un petit chef d’œuvre. Bien écrit, bien construit, il a tout pour plaire aux lecteurs les plus exigeants. C'est un livre qui sait également faire bon usage du mystère qui entoure, dès les premières pages, les « deux » personnages du livre et leurs « deux » vies.

Furio Guerri mène une existence des plus banales. Marié à une belle femme, « la plus belle du lycée », il a une petite fille éveillée et curieuse, une grande maison, un crédit à la banque… Mais en réalité sa vie est presque totalement absorbée par son travail d'agent commercial dans une société d'imprimerie. Son unique passion, en dehors du travail, sa bagnole : une Alfa Romeo Duetto 1300 arrière tronquée, 1970. Qui sera, ensuite, le seul point de contact entre les deux personnages.

Petit à petit, la vie de Furio, réglée comme une montre suisse, commence à perdre des coups. Un grain de sable se glisse dans ses rouages… La petite entreprise d'imprimerie où il est employé prends de plus en plus l'allure d'un champ de bataille. Mors tua, vita mea. Furio commence à percevoir un ennemi caché dans chaque collègue. La paranoïa s'installe et finit par déteindre sur sa vie privée et provoquer le drame.

La prose de Simi, sobre et incisive, ravit le lecteur pour le conduire, avec Furio, vers l’abîme de l’horreur. On suit sa descente aux enfers avec les palpitations des meilleurs noirs. « La nuit » tombe sur la vie de Furio, épaisse, définitive. Tout est effroyablement crédible.

Avec La Nuit derrière moi, Simi signe l'un des meilleurs noirs transalpins de ces derniers temps. A remarquer : Il s'agit du premier roman italien publié par les éditions Sonatine. C'est un excellent début.