La Fuite, de Ciro Cesarano et Fabio Gorgolini au Festival d'Avignon

Par Marco Lotti

La fuite spectacle de Ciro Cesarano et Fabio Gorgolini d'après Luigi Pirandello, que vous avez pu voir en avant première à Paris au mois de mai, sera présent au Festival d'Avignon OFF jusqu'au 30 juillet 2017 à 17h05 au Théâtre des Lucioles.

« On ne sait comment » est la dernière pièce achevée de Pirandello, un drame philosophique qui porte une réflexion existentielle sur le rôle de l'inconscient.
Dans sa pièce, l’auteur sicilien part du constat que l'on peut commettre des actes indépendants de notre propre volonté : "ça arrive ! On ne sait comment mais ça arrive !" s’écrie le personnage principal à plusieurs reprises dans l’œuvre originale.

Si le libre arbitre est suspendu à cause d’un contexte hasardeux, peut-on pour autant refuser d’assumer nos actes face aux autres ? Peut-on fuir éternellement notre propre jugement sans conséquences dans nos relations à autrui ?
Ces sont d’abord l’universalité et la modernité des questions que Pirandello aborde dans son œuvre qui nous ont poussés à formuler une réécriture de son texte.

Tout en respectant le questionnement sur le rôle de l’inconscient qui est au cœur de l’œuvre du prix Nobel sicilien, nous avons fait appel à l’écriture comique qui caractérise notre poétique théâtrale.
Croyant au rire comme outil pour aborder une réflexion, nous avons imaginé au cœur de l’action de la pièce des situations comiques absentes de l’œuvre originale, tout en laissant la place centrale au drame qui la constitue.

Si l’œuvre de Pirandello est un drame philosophique « La Fuite » se veut une comédie existentielle. Ce qui naît de cette recherche d’un équilibre nouveau est « La Fuite ». La pièce mêle ainsi le comique des urgences matérielles quotidiennes et l’abîme des doutes qui animent notre nature mystérieuse d’êtres humains. Le salon bourgeois du début du XXe siècle où se situe l’action pirandelienne devient, dans « La Fuite », la cuisine d’un restaurant italien au bord de la faillite.

Le choix du titre fait le lien entre l’œuvre originale de Pirandello et notre réécriture : si dans le restaurant une fuite d’eau complique l’avancée des préparatifs du repas, dans la pièce de Pirandello le personnage principal est victime d’une « fuite » de conscience qui l’amène à remettre en cause sa place dans la société.