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Publié le mardi, 3 février 2009 à 16h02

La Coulée de feu de Valerio Evangelisti

Par Stefano Palombari

Le Mexique, le libéralisme, la colonisation, le racisme…. Ce ne sont que quelques-uns des thèmes abordés en filigrane dans cet excellent livre de Valerio Evangelisti. Trente années d'histoire mexicaine ne sont pas que la toile de fond de La Coulée de feu (Il collare di fuoco, le collier de feu dans son titre original). Elles sont les véritables protagonistes de ce roman dont les personnages sont attachants et très bien conçus. D’ailleurs, le livre s’ouvre et se referme plus de 400 pages plus tard sur les deux mêmes personnes à 25 ans d’intervalle.

La petite ville américaine de Brownsville, à la frontière avec le Mexique, est le théâtre de la révolte de quelques Mexicains commandés par Cortina, un riche propriétaire agricole qui n’en peut plus de subir de constantes humiliations. On est en 1859, la révolte vient d’éclater et elle se révèle tout de suite très populaire et soutenue par les Mexicains, notamment les pauvres, de la ville. Puis l’action et les personnages se déplacent en territoire mexicain. L’histoire trouble de ce pays intervient de façon intrusive sur la vie et les relations de différents protagonistes.

Mais que se passe-t-il au Mexique entre 1859 et 1890 ? En lisant le livre, on a l’impression que tout bouge mais rien ne se passe. D’un côté les créoles blancs qui font la loi et de l’autre les indios qui la subissent. Les rares et éphémères moments d’espoir laissent vite la place à la désillusion. Et un autre combat commence. Un combat qui ressemble étonnement au précédent même si cette fois-ci il est mené contre ceux qui étaient à la tête de la révolte de la fois d’avant. Juarez, Diaz, Lerdo tant de présidents aides par le peuple à prendre le pouvoir, tant de déceptions. Peu importe le président, ce sont toujours les grands propriétaires terriens qui commandent.

En réalité, il s’agit de deux positions inconciliables. L’état mexicain, qui s’inspire de l’états-unien, est basé sur le libre commerce et la propriété privée. Les indios ne le comprennent pas, car il est inconcevable pour eux que l’ont puisse « posséder » la terre. La terre ne peut appartenir qu’à la communauté, elle est un bien commun comme l’eau et le sel. C’est ainsi qu’ils se font spolier de tout et deviennent redevables et pratiquement esclaves, péones, des latifundistes blancs.

La coulée de feu est un livre parfois extrêmement cru, qui ne fait que relater une violence sans merci qui se métamorphose sans cesser à aucun moment. Tous ceux qui essaient de se rebeller ou tout simplement de s’opposer au « status quo » seront écrasés sans pitié, qu’ils soient indios, mestizos ou criollos.

En savoir plus sur Valerio Evangelisti
Interview de Valerio Evangelisti

Informations pratiques
La Coulée de feu
Auteur : Valerio Evangelisti
Éditeur : Métailié
Traducteur : Serge Quadruppani
Prix : 22 €
Parution : janvier 2009

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La coulée de feu de Valerio Evangelisti
Métailié, janvier 2009, 22 €