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Publié le mardi, 8 juin 2010 à 11h10

La Bellezza e l'inferno de Roberto Saviano par la compagnie du Piccolo Teatro de Milan

Par Rédaction

Après un succès éclatant à Milan, La Beauté et l’enfer, spectacle-monologue de Roberto Saviano, débarque à Paris. Après bientôt quatre ans sous escorte, Saviano devient « acteur » et témoin de sa vie blindée. Le spectacle, mis en scène par Serena Sinigaglia, a été joué à guichets fermés uniquement au Piccolo Teatro de Milan – Théâtre de l’Europe, qui en est le producteur, à l’automne 2009 et en février 2010. Cette escale parisienne prend toute son ampleur après le succès rencontré au-delà des Alpes par le livre de Saviano, Gomorra (Éditions Gallimard 2007) et par le film homonyme, primé à Cannes en 2008. Le spectacle-monologue La Beauté et l’enfer (qui est également un livre publié par les Éditions Robert Laffont en 2010) réunit des textes antérieurs et postérieurs à Gomorra.

Il s’agit d’un monologue passionnant qui raconte comment la parole, seule, peut représenter aujourd’hui la dernière forme de résistance. Comment elle peut s’opposer au pouvoir et témoigner que la vérité, malgré tout, peut toujours exister. La parole retrouve toute sa centralité au théâtre et à travers le théâtre. Ce n’est pas un hasard que le Piccolo, qui fait du « théâtre civique » l’un de ses points forts, ait été le berceau de ce projet. De la révolte des immigrés de Castelvolturno, dans la province de Caserta, suite aux massacres de la Camorra en 2008, aux chansons de Miriam Makeba ; des notes de Michel Petrucciani, aux buts de Lionel Messi ; de l’histoire incroyable de Varlam Salamov, au souvenir passionné de Ken Saro Wiwa, qui eut la force de s’opposer à l’une des plus grandes multinationales du pétrole : Roberto Saviano, narrateur, raconte les histoires de ceux qui ont utilisé leur talent pour vaincre l’enfer. « La vérité est ce qui m’obsède le plus. Sur le plateau, j’essaye de la raconter. »

Le théâtre est un espace autre. Ce n’est pas un media, ni une feuille de papier. Ni une place, ni une pièce. On va écouter dans les théâtres ceux qui n’ont plus le droit de parler ailleurs. On choisit d’y parler de parcours nouveaux, on se regarde dans les yeux, on sent rebondir nos paroles sur les corps de ceux qui sont en face de nous. On se renifle, les uns les autres. J’avais envie de mettre le mot « civique » à côté du mot « théâtre »: je crois cette union utile, non pas parce qu’elle ajoute de la valeur à un projet ou à une dimension artistique, mais parce que, en comblant un manque, elle montre jusqu’où cette dimension artistique peut arriver.

En dehors du théâtre et de l’art, il n’y a pas d’enquête, il n’y a pas de récit d’une tragédie, ni un plan des bonheurs possibles, il n’y a personne qui puisse faire écho aux hurlements, ni quelqu’un qui sache réécrire des histoires, il n’y a personne pour trouver les coupables, pour faire des chroniques ou des bibliographies de témoignages. Il y a là un paradoxe : c’est justement le théâtre, lieu du mensonge par excellence, lieu de la représentation de la fiction, qui devient parfois le lieu d’une vérité possible. Une vérité dévoilée grâce à des outils qui ne simplifient pas ce qui est complexe, mais qui rendent cette complexité au moins visible et lisible. La vérité est ce qui m’obsède le plus. Je vais essayer de la raconter à travers les histoires de ceux qui ont utilisé leur talent pour échapper à l’enfer.

Spectacle d'ouverture du festival Chantiers d'Europe-Italie, au Théâtre de la Ville le lundi 21 juin 2010 à 20h30, spectacle en italien, traduction simultanée Patrick Bebi.

Informations pratiques
Théâtre de le Ville
Théâtre de la Ville : 2 place du Châtelet - 75004 Paris 4 (M° Châtelet)
Réservation : 01 42 74 22 77
Dates : le 21 juin 2010 à 20h30

tarif préférentiel pour nos internautes 15 € au lieu de 26 € / 18€
pour obtenir la réduction, réservez par téléphone (01 42 74 22 77) ou présentez-vous directement à la caisse mot de passe mot de passe : CHANTIER