Archives Livres

Publié le dimanche, 23 mars 2014 à 16h25

Ils y ont cru, de Christopher Duggan

Par Stefano Palombari

Ils y ont cru - couverture

Il ne s'agit pas de l'énième document sur Mussolini et le fascisme. L'historien britannique Christopher Duggan a décidé de procéder différemment. Exit les documents historiques classiques, il a utilisé presque uniquement des témoignages de citoyens lambda. Le sous titre de son ouvrage, « une histoire intime de l'Italie de Mussolini », reflète très bien le choix des sources : Surtout des lettres et des journaux (justement) intimes mais aussi des rapports de la police sécrète ou d'agents du parti.

L'historien a utilisé un matériel volontairement négligé, ignoré par ses collègues. Des archives immenses : Quatre mille deux cent vingt sept boites. Pour permettre une vision d'« en bas » du régime. Le portrait de cette période est donc tracé à partir de sentiments contrastés d'hommes et femmes et même d'enfants (Albertina Roveda n'avait que 6 ans lorsqu'elle commença son journal) de tout niveau social qui vécurent pendant la naissance, l'affirmation, le pouvoir et la chute du Fascisme.

L'image du Ventennio en sort forcément différente par rapport à l'historiographie officielle, d'où le titre de l'ouvrage. Pour la majorité des Italiens l’engouement pour Mussolini et son régime ne s'est pratiquement jamais tari.

Toujours enthousiastes, oui, mais à des degrés différents pendant les vingt années de pouvoir du « duce ». Les lois raciales semèrent doute et incompréhension, à leur début. Puis la propagande permit de faire accepter l'inacceptable. Au point que même certains juifs les justifièrent, l'auteur cite le cas d'Ettore Ovazza.

Le livre ne s'arrête pas à la chute du régime. Les dernières pages de l'ouvrage sont consacrées à l'attitude actuelle des Italiens vis à vis de cette tranche encombrante de leur passé. Dans l'opinion publique, on assiste à une sorte de bienveillance, sinon de nostalgie.

Les crimes des squadristi sont oubliés, minimisés et Mussolini apparaît comme l'homme qui savait faire bien fonctionner l'Italie. Cette tendance révisionniste a été amorcée par Berlusconi qui a montré, à plusieurs reprises, une certaine sympathie pour le duce et son régime. Ce dernier d'après lui n'était pas une dictature mais « une démocratie sur un mode mineur ». San Cassiano, où Mussolini est enterré, est devenu un lieu de pèlerinage où les sentiments de sympathie des nombreux visiteurs remplissent les pages des registres placés à côté du tombeau de Mussolini.

Informations pratiques
  • Flammarion, 28 €
  • pour acheter le livre avec réduction cliquez sur l'image :