Publié le jeudi, 20 février 2020 à 14h00
I Vitelloni de Federico Fellini en version restaurée
I Vitelloni de Federico Fellini ressort en salles en version restaurée mercredi 19 février 2020, en même temps que Les nuits de Cabiria. Les deux films, réalisés en 1953 pour le premier, 1957 pour le second, sont d’une facture stylistique assez proche, qui a fait connaitre au public les potentialités de Fellini aussi bien en matière de récit et de scénario, que de mise en scène et de direction d’acteurs et qui a fait apparaitre sa vision particulière de l’Italie d’après-guerre.
I Vitelloni, dont le titre français est « Les inutiles » mais qui, textuellement, signifie « les vieux veaux » met en scène un bande d’amis ayant la trentaine, sans emploi, vivant aux crochets de leurs parents dans une ville balnéaire, passant leurs journées à se promener, discuter, séduire les filles et échanger des propos relativement futiles. La vie s’écoule ainsi pour ces jeunes oisifs, qui n’ont d’autre ambition que de laisser passer le temps jusqu’à la prochaine saison touristique.
Fausto (Franco Fabrizi) est un séducteur invétéré que même le mariage et une future paternité n’empêchent pas de se ranger. Moraldo (Franco Interlenghi) est un doux rêveur romantique, le plus lucide de tous et désireux d’émancipation. Alberto (Alberto Sordi) est tendre et émotif, son désarroi est à la mesure de son inconsistance. Leopoldo (Leopoldo Trieste) est un intellectuel dont la vie de province annihile toute ambition littéraire, malheureux d’être incompris. Enfin Riccardo (Riccardo Fellini, le frère cadet du réalisateur) égaye la troupe de ses chansons et de sa bonne humeur constante. Ces cinq jeunes gens nous sont présentés au fil de quelques saisons, ainsi que leurs proches, dans ce qui semble être un quotidien fait de répétitions, de lassitude et d’abandon.
Avec ce film, son troisième, Fellini pour la première fois appréhende un sujet proche de sa propre expérience. De la même manière qu’il réalisera Amarcord vingt ans plus tard, I Vitelloni se déroule à Rimini et met en scène des lieux, des saisons, des atmosphères et sensations bien familiers du cinéaste.
Difficile de résumer l’enchainement des péripéties que connaissent les personnages dans la mesure où il s’agit surtout de scénettes, de moments et d’instants qui adviennent à ceux-ci. L’intérêt ne réside pas dans l’efficacité d’un récit qui serait programmatique, non, l’intérêt est dans la présentation d’un espace-temps, d’une manière de vivre l’écoulement du temps, de supporter la vacuité de l’existence. La vision de Fellini n’est pas désespérée ni désespérante, elle est même souvent tendre pour ses personnages qui, malgré leur inconsistance, nous apparaissent terriblement humains.
Cette manière de raconter l’histoire, faite d’ellipses, de latences, de moments « vides » traduit bien l’univers provincial de cette époque. Un univers dans lequel a grandi Fellini et dont les moments d’ennui, propices aux plus belles visions imaginaires, ont ensuite nourri son cinéma.
Informations pratiques
- A partir du 19 février 2020