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Publié le lundi, 26 juillet 2010 à 16h53

L’Homme qui voulut être Perón de Giovanni Maria Bellu

Par Stefano Palombari

Et si Juan Perón était sarde ? En jouant sur des similitudes, des coïncidences, des analogies, des assonances, des ressemblances et beaucoup d’autre encore, Giovanni Maria Bellu, lui-même sarde, journaliste à l’Unità, nous entraîne sur un chemin riche d’étonnantes découvertes. D’un côté le très célèbre homme d’Etat argentin Juan Perón, de l’autre, l’inconnu Giovanni Piras. Et s’il s’agissait de la même personne ?

Pourquoi la poire (Péron) d’Argentine ne pourrait-elle pas avoir le même goût que la sarde (Piras). Giovanni Piras avait en effet quitté l’île natale, comme tant d’autres jeunes gens de cette région dure et sauvage, pour se rendre à San Cristobal en Argentine. A partir de là, l’auteur entame un périple qui le conduira à rencontrer plusieurs personnes en possession d’informations très intéressantes. Des amis de Piras, désormais très âgés, des membres de la famille, des journalistes, des avocats et même des papiers du « Vieux », le père de l’auteur, qui vient de décéder. Les souvenirs personnels se mêlent aux lieux et aux objets, à l’apparence anodins mais finalement, décisifs. Avec des arguments fort convaincants, énoncés avec une rare force de persuasion, Bellu n’a aucune difficulté à rallier le lecteur à sa cause.

Il est bien possible que les deux hommes se soient rencontrés. Ou du moins croisés lorsque Piras travaillait pour la société de chemin de fer à San Cristobal et Perón y a été affecté en qualité de lieutenant des forces armées argentines dans la région. L’échange a peut-être eu lieu à ce moment-là. Qui sait…

Sauf que, lorsque les jeux semblent faits, un dernier rebondissement fait tout voler en éclat. C’est là la force de ce roman. Avec les mêmes indices on peut construire deux histoire opposées. Il suffit d’un petit détail de rien du tout pour remettre tout en cause. Le fait que ce thème ait déjà été abordé dans d’autres ouvrages, dont le plus célèbre est sans nul doute l’Histoire du siège de Lisbonne de José Saramago, n’ôte en rien le plaisir de la lecture de L’homme qui voulut être Perón. Ça devient une sorte de polar. L’auteur – protagoniste mène sa petite enquête comme s’il s’agissait de découvrir le meurtrier (et pas qu’au sens figuré). On a peut-être un peu de mal à rentrer dans l’histoire mais après, une fois dedans, on n’a plus envie d’en sortir.

Informations pratiques
L’Homme qui voulut être Perón
Auteur : Giovanni Maria Bellu
Traducteur : Marguerite Pozzoli
Éditeur : Actes Sud
Prix : 23 €
Parution : mai 2010

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L’Homme qui voulut être Perón - Couverture
Juillet 2010, 23 €