Gli Eredi (titolo provvisorio) d'après Pasolini à La Loge

Par Collectif Le Foyer

Tout a débuté par une rencontre. La rencontre du Collectif Le Foyer avec une actrice italienne, Sara Rainis. Originaire du Frioul, Sara partage avec Pier Paolo Pasolini le souvenir des paysages du Nord-Est de l’Italie, la maîtrise de cette langue si particulière : le frioulan mais avant tout son attachement à la terre, aux odeurs, aux habitants « un peu vulgaires mais sensibles » de cette région, qui pour lui résumait si bien son pays.

Eredi (Les Héritiers) était le nom d’une revue que Pasolini a fondée en 1942 avec trois camarades. En tant que collectif, nous poursuivons une démarche d’unanimité et de réflexion sur notre passé parce que c’est le prix à payer pour que l’avenir ne soit pas tracé, qu’il soit toujours provisoire. C’est ainsi que nous avons intitulé ce spectacle Gli Eredi : titolo provvisorio.

La figure de Pasolini nous a permis de dresser le constat d’une disparition. Il n’est pas de pensée de l’avenir qui ne commence par faire la part du vivant et du mort. Cela s’appelle un rituel. Nous souhaitons relire une page qui s’est tournée, revivre une époque révolue. Celle qui a vu nos pères renoncer à la perspective certes floue d’une révolution pour assumer, parfois malgré eux, la tranquillité du consumérisme…

Au regard de la personnalité de l’homme, il nous est apparu crucial d’éviter l’écueil hagiographique. Il ne s’agit donc pas d’un hommage. Il s’agit d’une recherche sur des thèmes pasoliniens dont la contemporanéité nous engage à penser le monde tel que nous l’avons hérité.

Si nous nous sommes attachés à Pasolini c’est également parce que nous faisons le constat que ses réflexions dépassent largement le cadre national italien. Convoquer la figure de Pasolini, c’est tacitement convoquer des alliés, les figures françaises de la résistance culturelle de la fin des années 60 tels que Jean-Luc Godard ou Michel Foucault par exemple. Ces créateurs-lanceurs d’alertes qui ont pensé le devenir du langage dans une Europe qui succombe aux sirènes capitalistes.