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Publié le jeudi, 4 mai 2023 à 18h33

Giacomo Nanni 2023, Exposition à la Galerie Martel

Par Ilaria Venneri

Giacomo Nanni 2023

A partir du 5 mai 2023, la Galerie Martel présente l'exposition Giacomo Nanni 2023.

Dans Acte de Dieu, paru en 2019, Nanni travaillait chaque planche – si l’on peut parler de planche, puisque le livre était réalisé sur ordinateur – en trames Photoshop. Ces couches superposées lui permettaient d’ajuster ses nuances, sa lumière, ses effets de matière. Deux ans plus tard, son Tout est vrai, à première vue de facture identique, marque une rupture radicale. L’auteur a quitté l’outil virtuel pour son équivalent manuel.

Les trames Photoshop cèdent la place à des transparents A4, du type destiné aux rétroprojecteurs. Le process commence par un crayonné, reporté sur un transparent. Et là vient la magie : Nanni couvre trois autres transparents d’encres rouge, jaune et bleue – les couleurs primaires de l’imprimerie – où il va ménager des vides et des hachures, comme sur une carte à gratter. La superposition et le positionnement des transparents produit un effet de trame.

Des silhouettes humaines, noires et quasi-anonymes ponctuaient Tout est vrai. Dans Un jour, le soir, les silhouettes sortent légèrement de l’ombre, leurs traits adoucis par le clair-obscur du crépuscule parisien. Première d’entre-elles, celle du narrateur. D’image en image, sa figure est elle aussi souvent dupliquée. Droite et musculaire comme celle d’un danseur, elle évoque cette gravure de La semeuse qui orna jusqu’au tournant de ce siècle les pièces de monnaie françaises. Est-ce un hasard ? L’argent est l’un des pivots du livre de Nanni.

L’argent et son manque, avec le découvert autorisé de 400 euros évanoui à l’orée du flash-back, quand avant-hier était aujourd’hui. Dans Un jour, le soir, le manque d’argent a aussi son double : la faim. La faim tenace, si quotidienne qu’elle engendre comme une ivresse. Le repas du soir se limite à un croissant. Si l’on saute ce repas, il n’y aura plus qu’à imaginer – ou dessiner, ce qui revient au même – la fabrication des croissants. Ou des MacDo, à la chaîne. Ou les fricassées de coeurs de poulet. On peut même se rassasier de leur recette.

Sans compter l’autre faim, faim de l’autre et faim d’amour, la faim qui vous pousse dans les bras d’une petite Chinoise du trottoir, émerveillée des 400 euros – votre découvert autorisé – que vous lui offrez. Elle vous offre en retour un instant magnifique. Mais cet instant-là, c’était avant-hier. Quand hier était encore demain.

Informations pratiques
  • Galerie Martel
  • 17 rue Martel 75010 Paris
  • Du 5 mai 2023 au 10 juin 2023
  • Vernissage jeudi 4 mai à partir de 18h