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Publié le mercredi, 15 janvier 2020 à 09h32

Francesca Sand, Loredana Denicola, Je suis mon corps, Je suis ma mémoire, Collective au 59 Rivoli

Par Ilaria Venneri

Collectif Action Hybride

A partir du 28 janvier 2020, le collectif Action Hybride présente l'exposition "Je suis mon corps, je suis ma mémoire".

Action Hybride est un collectif d’artistes internationales, initié par Francesca Sand en janvier 2018. L’association organise des expositions, des rencontres, des réflexions, des workshops, autour des thématiques du corps et de la condition humaine. Son orientation est définie par un MANIFESTO "Le Corps social et politique". Lors de ses événements, le collectif accueille des artistes et des personnes invitées.

Notre corps a une mémoire: il garde en lui les souvenirs enfouis de nos souffrances d’enfants, de fœtus, et même parfois de celles de nos parents et de nos ancêtres. Imprimés dans les muscles, les os et jusque dans la chair; ces douleurs résonnent dans notre corps et se réveillent au fil des événements de la vie.

La mémoire du corps, c’est partir sur la trace de ces souvenirs profonds que notre esprit a oubliés, mais dont notre organisme se souvient. Le corps est traversé par la mémoire qui laisse ses traces inscrites dans la chair. L’expérience de la corporalité - comme de la mémoire: je suis mon corps, au même titre que je suis ma mémoire. Je suis inséré dans le monde corporellement, et mon expérience du monde me parvient à travers mon corps. Mais non seulement mon corps absorbe de l’information sur le monde, il est, par rapport à mon œil, un objet - ma propriété autant que mon être.



Avoir conscience de son corps, c’est reconnaître, comme le dit Georges Bataille, que nous sommes des êtres discontinus; seulement nous ressentons tous le même vertige devant cet abîme qui nous sépare et que nulle communication ne pourra supprimer.
La mémoire du corps se laisse bien plus difficilement oublier que la mémoire mentale. Le corps reste fidèle à son passé, l’intégrant et l’exprimant dans ses gestes apparemment les plus spontanés.

Il suffit de penser à quel point le corps refuse de désavouer ses propres circonstances primitives, intégrant obstinément dans ses accents, ses rythmes et ses postures les signes d’appartenance à un temps et un espace spécifiques.

C’est par cette mémoire incorporée, que le corps individuel intègre le corps social. Car dès son plus jeune âge, le corps se fait “ civiliser “ : on lui apprend à interagir, selon les normes d’une culture, d’une nation, d’une religion particulières. Ce qui est appris par le corps n’est pas quelque chose que l’on a, que l’on peut représenter devant soi, mais quelque chose que l’on est.



La mémoire du corps est ce qui demeure dans l’homme lorsqu’il a tout oublié. La mémoire recommence par une cicatrice, par un corps souffrant, remémorant, malade, fragile; un corps qui est l’interstice qui relie et sépare de tout.



Nos ordinateurs comportent tous une touche “efface”, dont la simple présence vient souligner la fragilité de la mémoire. Mais y a-t-il un mode de mémoire qui résiste à l’effacement ? Une mémoire indélébile et pour ainsi dire incurable ?



L’art seul, peut-être, est à même de fournir une réponse palpable à ces questions. Car si le corps est partout représenté dans l’imagerie contemporaine, et s’il constitue, au même titre que le mémoire, un matériau de base pour de nombreux artistes contemporains, le corps ne montre pas sa mémoire : il l’agit puisqu’il l’incarne. Et dans la mesure où elle n’emmagasine aucune image ou représentation, la mémoire du corps ne peut s’”effacer” que par la destruction du corps lui-même.

Informations pratiques
  • 59 Rivoli
  • 59 rue de Rivoli - 75001 Paris
  • Du 28 janvier 2020 au 9 février 2020. Vernissage le jeudi 30 janvier 2020 à 19h