musique classique

Publié le samedi, 28 septembre 2024 à 10h24

Festival de Royaumont, le triomphe du temps : Händel et Scarlatti, les jumeaux célestes

Par Karima Romdane

Händel et Scarlatti, les jumeaux célestes - couverture

Une fin est toujours un commencement. Le Festival de Royaumont s’achève sur une double célébration du génie de Georg Friedrich Händel, complétée par une révérence devant son contemporain, Domenico Scarlatti. Mais le claveciniste Francesco Corti, William Christie, ses Arts Florissants et les jeunes lauréats du Jardin des Voix et de la Fondation sèment en jouant et en chantant les graines des prochains concerts à l’abbaye. C’est le triomphe du temps : il ne fauche la beauté et le plaisir que pour mieux les laisser prendre d’autres formes et fleurir à d’autres moments…

Au programme :

- 11h30 | musique Händel et Scarlatti, les jumeaux célestes Francesco Corti
Réfectoire des convers

Quel diable d’homme, ce Händel ! A peine parvenu à l’âge adulte, l’Allemand fait – comme des centaines de musiciens avant ou après lui – un long séjour en Italie, entre 1706 et 1710. A Venise, lorsqu’il est surpris dans un bal costumé, en train de jouer du clavecin masqué, Domenico Scarlatti, qui « se trouvait là par hasard » s’écrie « qu’il ne pouvait s’agir de personne d’autre que du célèbre Saxon, ou alors du diable ». C’est John Mainwaring, le premier biographe de Händel, qui raconte la scène sans l’avoir vécue, comme il relate une autre rencontre entre les deux compositeurs, à Rome en 1707, lors d’une joute musicale organisée par le cardinal Pietro Ottoboni. Ce soir-là, d’après la légende, Scarlatti a remporté l’épreuve de clavecin, Händel celle d’orgue. Le musicographe anglais Burney voyait en ces deux maîtres absolus du clavecin “deux jumeaux célestes”. Francesco Corti les réconcilie dans sa discographie et sur scène. Claveciniste très demandé, notamment passé par les Musiciens du Louvre de Marc Minkowski, les Talens Lyriques de Christophe Rousset ou le Concert des Nations de Jordi Savall, le musicien a déjà publié sur le label Arcana un double album illuminé par les huit Grandes Suites d’Händel et a enregistré à l’abbaye l’hiver dernier des sonates de Scarlatti qui paraîtront cet automne. Pour ce concert qui précède le Triomphe du Temps et de la Désillusion, Francesco Corti met l’accent sur les transcriptions d’ouvertures et d’airs d’opéra de l’auteur de Giulio Cesare, sans pour autant léser celui des fameuses « 555 sonates ». Entre eux, la joute amicale n’est pas tout à fait finie…

durée : 1h

- à partir de 11h00 | restauration Le brunch de l’abbaye




- 14h15 | rencontre avec les artistes




-15h30 | musique Il trionfo del Tempo e del Disinganno de Händel Les Arts Florissants, dir. William Christie
Réfectoire des moines

ce « Triomphe » est le couronnement de plusieurs décennies d’aventures musicales ! L’abbaye de Royaumont a en effet été dès la fin des années 1970 au centre d’une révolution, au sens premier du terme : celle du renouveau des musiques anciennes. Avant de conquérir le large public des mélomanes, c’est entre les murs du réfectoire des moines que René Jacobs, Jean-Claude Malgoire, Gérard Lesne, Philippe Herreweghe ou encore William Christie ont mis à l’épreuve leurs intuitions artistiques amenées à bouleverser l’interprétation des œuvres baroques. Le chef d’orchestre et claveciniste originaire de Buffalo était au cœur du mouvement, réhabilitant les instruments d’époque, renouvelant les techniques d’interprétation et remontant aux sources des compositions des grands maîtres européens des XVIIe et XVIIIe siècles. En 2024, William Christie revient à Royaumont en réunissant autour des Arts Florissants de jeunes chanteurs issus du Jardin des Voix et des lauréats de la Fondation pour interpréter une œuvre emblématique de la carrière de Georg Friedrich Händel (1685-1759).
Créé en 1707 au début de l’établissement de Händel en Italie, cet oratorio, écrit sur un livret du cardinal Benedetto Pamphili, a été donné pour la dernière fois de son vivant à Londres en 1758. En cette année d’anniversaire de Royaumont, le choix par William Christie de la version initiale de l’œuvre n’a rien d’anodin : le pionnier du mouvement baroque indique ainsi que rien n’est fini, qu’il est plus question ici de transmission que d’achèvement. Si un chapitre se clôt, un autre s’ouvre aussitôt. Ceux qui s’apprêtent à quitter la scène ont bien préparé leur succession. Les 60 ans de la Fondation ne sont donc qu’un commencement…

durée : 2h30 (avec entracte)

Informations pratiques
  • Abbaye de Royaumont
  • 3, Jard. de l'abbaye de Royaumont 95270 Asnières-sur-Oise
  • Pour réserver en ligne
  • Dimanche 6 octobre 2024 à 11h30 et à 15h30