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Publié le mercredi, 20 juin 2018 à 13h55

Dogman, le nouveau film de Matteo Garrone

Par Valentina Pasquali

dogman - foto scena

Dans une banlieue déshéritée, Marcello, toiletteur pour chiens discret et apprécié de tous, voit revenir de prison son ami Simoncino, un ancien boxeur accro à la cocaïne qui, très vite, rackette et brutalise le quartier. D’abord confiant, Marcello se laisse entraîner malgré lui dans une spirale criminelle. Il fait alors l’apprentissage de la trahison et de l’abandon, avant d’imaginer une vengeance féroce...

En parlant de son film, Matteo Garrone dit: « Comme cela s’est souvent produit pour mes films, il y a aussi pour DOGMAN, à l’origine, une suggestion visuelle, une image, un renversement de perspectives : celle de quelques chiens, enfermés dans une cage, qui assistent comme témoins à l’explosion de la bestialité humaine... Une image qui remonte à plus de dix ans, quand, pour la première fois, j’ai pensé tourner ce film.

Mais était-ce bien ce film ? C’est difficile à dire, parce que le temps passant, "Dogman" a changé avec moi, devenant un film toujours plus nouveau, toujours différent. Quelques-unes des idées originales ont perduré jusqu’ici, mais elles n’épuisent pas selon moi le sens plus profond de l’histoire que j’ai voulu raconter : "Dogman", par exemple, n’est pas seulement un film de vengeance, même si la vengeance (mais il vaudrait mieux appeler cela une délivrance) joue un rôle important, et ce n’est pas seulement non plus une variation sur le thème (éternel) de la lutte entre le faible et le fort.

C’est au contraire un film qui, même au travers d’une histoire "extrême", nous place devant quelque chose qui nous concerne tous : les conséquences des choix que nous faisons quotidiennement pour survivre, des "oui" que nous disons et qui nous mènent à ne plus pouvoir dire "non", de l’écart entre ce que nous sommes et ce que nous pensons être. Dans cette profonde interrogation sur nous-mêmes, dans ce questionnement sur un homme qui a perdu son innocence, je crois que ce film est universel, "éthique" et non moralisateur : c’est aussi pour cela que je tiens beaucoup à souligner la distance avec le fait divers qui l’a librement inspiré.Tout a été transfiguré, à commencer par les lieux, les personnages, leurs psychologies.

Une dernière remarque, pour souligner l’importance de la rencontre avec le protagoniste dufi lm, Marcello Fonte : sa douceur et son visage antique qui semble venu d’une Italie en train de disparaître, ont contribué de manière décisive à rendre claire pour moi la façon dont je voulais aborder une matière aussi sombre, qui pendant des années m’avait à la fois attiré et repoussé, ainsi que le personnage que je voulais raconter : un homme qui, dans la tentative de se racheter après une vie d’humiliations, a l’illusion de s’être libéré, et avec lui son quartier et peut-être même le monde. Mais ce dernier demeure toujours inchangé, et presque indifférent. »

Informations pratiques
  • Sortie nationale 11 juillet

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