Archives Cinéma

Publié le lundi, 2 juillet 2018 à 17h03

Dario Argento, retrospective au cinéma Le Louxor

Par Roberta Spirito

Dario Argento avec sa fille Asia

Pour les passionnés du frisson, voila la rétrospective qui fait pour vous ! Jusqu'au 10 juillet 2018 six film du maître italien du cinéma "de peur" Dario Argento seront projetés au cinéma Le Louxor en version restaurée. Du premier L'uccello dalle piume di cristallo (L'oiseau au plumage de cristal) jusqu'à Opera, film de la fin des années 80 en passant pour le chef-d’œuvre Profondo rosso (Les frissons de l'angoisse).

Fascinant réalisateur italien depuis un demi-siècle, Dario Argento est le maître emblématique et incontesté du Giallo, thriller à l'esthétique baroque et expressionniste, où la peur évolue vers le fantastique et l'horreur. Magicien de la pure sensation, Dario Argento transcende le film de genre en lardant ses oeuvres de références esthétiques, psychanalytiques, érotiques et fétichistes.

Ses fans à travers le monde savent que l'on ne sort pas indemne de la vision de ses oeuvres, embarqués par la singularité de ses images et de sa bande son, hard-rock ou techno-hypnotique s'il le faut, au delà de la frontière entre le réel et le fantastique, projeté dans le surnaturel.

La sortie de six films emblématiques de son univers nous plonge dans la quête éperdue d'une vérité toujours impossible à cerner, dans cette « inquiétante étrangeté » chère à ses maîtres, Freud et Hitchcock.

L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL. Avec Tony Musante, Suzy Kendall, Enrico Maria Salerno, Eva Renzi

« Alors qu'il vient de co-écrire avec Bernardo Bertolucci l'histoire de Il était une fois dans l'ouest de Sergio Leone, le jeune Dario Argento signe son premier film. Coup de tonnerre dans le ciel du thriller transalpin et acte de naissance fracassant de l'un des futurs maitres du cinéma de la peur, L'oiseau au plumage de cristal popularise un genre, le giallo, né en 1924 sous la forme de romans de gare et dont Mario Bava avec La fille qui en savait trop et Six femmes pour l'assassin en 1964, a forgé les codes cinématographiques. L'oiseau porte déjà toutes les traces du futur réalisateur de Suspiria dont un soin inégalable apporté à la beauté formelle. Mis en musique par Ennio Morricone , L'oiseau au plumage de cristal marque également les débuts de Vittorio Storaro, le futur chef opérateur d'Apocalyspe Now et du Dernier tango à Paris. » Jean-Baptiste Thoret

LE CHAT À NEUF QUEUES. Avec James Franciscus, Karl Malden, Catherine Spaak

« Deuxième volet de sa trilogie animale débutée un an plus tôt avec L'oiseau au plumage de cristal, Dario Argento signe avec Le chat à neuf queues une variation réjouissante autour des codes du giallo, en même temps qu'il rend hommage à l'horreur gothique italienne dans une fameuse séquence de cimetière brumeux. Autour d'une intrigue riche en énigmes et en chausse-trappes, Argento affûte son style. Tourné en cinémascope et doté d'un casting international (James Franciscus, sorti des Évadés de la planète des singes, et Karl MaLden, vedette cathodique des Rues de San Franciscoet second couteau deja confirmé du cinéma hollywoodien), le deuxième film d'Argento fait enfin de la famille et de la filiation, l'origine de tous les maux et des pathologies criminelles. » Jean-Baptiste Thoret

LES FRISSONS DE L'ANGOISSE (Profondo rosso). Avec David Hemmings, Daria Nicolodi, Gabriele Lavia

« Après trois thrillers à succès qui relancèrent la mode du film à suspens en Italie - les fameux « gialli » - Dario Argento décide de tourner une intrigue policière où les explications rationnelles et psychanalytiques seraient occultées par la folie, l'horreur et le fantastique, dans une mise en scène déchaînée. Il choisit pour cadre Turin, capitale européenne de la magie noire. Les Frissons de l'angoisse demeure l'un des meilleurs films d'Argento et un chef-d'œuvre du cinéma d'épouvante moderne mais c'est avant tout une expérience esthétique hors du commun. »

SUSPIRIA. Avec Jessica Harper, Stefania Casini, Flavio Bucci

« Dario Argento réalise sa version gore et sous acide de Blanche-Neige et les sept nains, soit un conte sanglant aux éclairages surréalistes et aux scènes de violence paroxystiques, proches du Grand-Guignol et de la transe vaudou. Suspiria demeure une des expériences cinématographiques qui s'apparentent le plus à un cauchemar, en raison de la rupture volontaire du cinéaste avec la logique narrative et l'agressivité inouïe de ses images, et ressemble davantage à un opéra rock psychédélique qu'à un film d'horreur traditionnel. Chez Argento, cinéaste de la surface, la profondeur (psychologique ou visuelle) n'existe pas. » Olivier Père

PHENOMENA. Avec Jennifer Connelly, Donald Pleasence, Daria Nicolodi

« Phenomena marque un tournant dans la carrière du cinéaste italien, qui puise comme à son habitude dans le cinéma expressionniste et les productions de Val Lewton (une scène entière est calquée sur l'introduction de La Malédiction des hommes-chats), mais délaisse les outrances baroques et sanglantes de Suspiria ou Ténèbres et oriente son film du côté de Lewis Carroll et du conte de fées. Sa frêle héroïne, qui possède la beauté lunaire de Jennifer Connelly (découverte par Argento dans le film de son ami Sergio Leone Il était une fois en Amérique), traverse en somnambule un univers terrifiant peuplé d'humains monstrueux et d'animaux bienveillants. Argento compose avec les éléments naturels (l'eau, le vent, la nuit, la forêt) un fascinant jeu de piste onirique, traversé de pièges, d'énigmes visuelles et d'instants magiques. » Olivier Père

OPÉRA. (Inédit au cinéma en France) Avec Cristina Marsillach, Ian Charleson, Urbano Bareberini, Daria Nicolodi

« Inédit au cinéma, le film est sorti à l époque dans une copie tronquée en VHS en France. Dans Opéra, l'un des chefs d'œuvres oublié de Dario Argento, le réalisateur fait preuve d'une incroyable virtuosité dans sa mise en scène et d'un sadisme sans retenue lors des nombreuses scènes de meurtres qui parsèment le film. Ponctué par les envolées lyriques de la musique de Claudio Simonetti (Goblins), photographié par Ronnie Taylor (Gandhi) et scénarisé par Franco Ferini (Il était une fois en Amérique), Opéra est une œuvre maudite et puissante, maltraitée par ses producteurs, qu'il est enfin possible de découvrir au cinéma en version intégrale restaurée, validée par le Maestro. »

Informations pratiques
  • Le Louxor - Palais du cinéma
  • 170, boulevard Magenta - 75010 Paris
  • Jusqu'au 10 juillet 2018