Come prima, road trip musical au théâtre Les Déchargeurs

Par Roberta Spirito

La guerre faisait partie du passé de l’Europe. Aujourd’hui, elle est à nos portes. Après la division et l’exode, peut-on reformer une famille ? Juillet 1958. Giovanni cherche son grand frère, Fabio, boxeur sur le déclin. Giovanni doit lui annoncer quelque chose d’important. Ils s’embarquent dans un road trip à bord d’une Fiat 500. De la campagne française au soleil écrasant de l’Italie, des fantômes du passé à la brutalité du présent, les souvenirs se dévoilent au son des guitares et des chants révolutionnaires.

La fratrie, les racines, les choses que l’on porte en soi sans toujours comprendre d’où elles viennent, les malentendus sur lesquels on n’ose pas revenir… C’est dramatique et comique, deux faces de la même pièce de monnaie présente dans toutes les familles. Et les histoires de famille, moi, ça me fascine.

Alfred, l’auteur, m’a confié lors de notre rencontre, que son grand-oncle était chemise noire et son grand-père communiste. C’est cette mythologie familiale qui a inspiré Come Prima. Ce roman graphique raconte l’histoire de deux frères, Fabio, l’aîné, abîmé par la vie et Giovanni, le cadet, qui se retrouvent après des années, et dont le passé va nous parvenir peu à peu. Durant leur road trip, ils croisent une galerie de personnages vivants, colorés.
Ce voyage autant extérieur qu’intérieur fait appel à tous nos sens : des oranges du jardin aux rayons du soleil couchant sur notre peau, bercés par la musique de l’Italie des années 50/60.

Le mélange des registres, le travail sur la violence et sa représentation, la recherche d’un jeu sincère, d’une grande diversité émotionnelle, la volonté de trouver la poésie dans le réalisme sont la base du travail de Come Prima. Aucune bande son enregistrée : tous les bruitages de la pièce sont effectués en live, avec sonorisation, par les comédiens/musiciens sur scène. L’intention est de rester dans le vivant, le spontané. Avec 4 cubes en bois, nous créons une FIAT 500 : L’avantage de ces cubes, mobiles, légers, tout en étant solides, est qu’ils vont servir de support pour créer d’autres objets : un lit d’un hôtel miteux, le banc d’une église de campagne, la salle d’attente d’un hôpital… Scénographie, musique et lumière sont au service de ce voyage initiatique vers l’Italie, qui a perdu son éclat durant l’ère fasciste et éparpillé ses enfants à travers l’Europe.

Come prima d’après la bande dessinée d’Alfred, publiée aux éditions Delcourt et fauve d’or au festival d’Angoulême 2014. Adaptation, mise en scène Laëtitia Grimaldi, assistée de Hélène Humblot Collaboration artistique Tom Lejars. Décors Frédérico Nepomuceno. Jeu Mathylde Rio, Lionel Correcher, Johann Poels, Vincent Valette en alternance avec Helmi Dridi