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Publié le mardi, 30 mars 2010 à 12h34

Casa Balboa chronique d'un désordre ordinaire de Mario Rocchi

Par Stefano Palombari

Dans une époque où le politiquement correct prédomine, ce livre est décidément à contrecourant. Monsieur Balboa raconte sa « casa », sa maison, à la première personne et sans périphrase. Tout passe à travers sa vision déformante, d'anarchiste colérique et libertin.
Tout le monde en prend pour son grade. Sa femme Sophie, qui est toujours énervée et l'accuse de tous les maux, sa fille Stefi (Stefania), à qui il reproche son incohérence et sa paresse, notamment dans ses études, et ses deux fils Maurizio l'ainé avec ses « boucles d'oreilles de drogué » et le dernier, l'« accident », qui « vient d'avoir quinze ans et comme casse-couilles, on ne trouve pas mieux ». Tout comme son auteur, M. Balboa vit à Lucques, en Toscane, où il travaille pour les pages culture d'un quotidien local. Tous les membres de la famille complotent pour lui pourrir l'existence. Enfin, tous sauf Otto, le chien, le seul qui lui montre un peu d'affection sans rien lui demander en échange.

Mais il n'y pas que la famille, dans ce portrait au vitriol de la bourgeoisie provinciale italienne. Toute la ville y passe, pour ne pas dire tout le pays. Berlusconi et ses électeurs n'arrêtent pas de hanter la vie de ce pauvre journaliste qui va découvrir que la peste de la « bien-pensance » est en train de faire des ravages même parmi ses plus proches ennemis. Sa fille et son fils ainé sont en train de lui préparer une belle surprise. Et puis il y a sa voisine, perturbante, insatisfaite et fougueuse autant que chimérique. Une présence presque onirique, au point de n'être probablement qu'un fantasme. Leurs ardentes parties de jambes en l'air semblent concerner plus son esprit que son corps.

Casa Balboa raconte une tranche de vie de cette famille, comme les autres. Il n'y a pas de véritable intrigue. On rentre dans la maison Balboa en cours de route et on l'abandonne à un moment donné, le temps d'en savourer la vivacité des échanges et d'avoir un aperçu des différents caractères. M. Balboa, finalement, derrière son côté bourru, cache un grand désir d'affection. Dans sa solitude existentielle, il survit au rythme des souvenirs et des anecdotes fades et pathétiques, qu'il s'obstine à raconter à son lecteur en les présentant comme drôles. C'est une bouffée d'oxygène « politiquement incorrect ». Au demeurant, les malheurs de M. Balboa et de ses proches nous aident aussi à comprendre pourquoi en Italie le taux de natalité est si bas et le nombre des animaux de compagnie si élevé.

Informations pratiques
Casa Balboa
Auteur : Mario Rocchi
Traducteur : Sylvie Huet
Éditeur : la dernière goutte
Prix : 19 €
Parution : mars 2010

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Casa Balboa - Couverture
La dernière goutte, mars 2010, 19 €