Publié le mercredi, 27 décembre 2017 à 09h25
Antonio Gramsci, une biographie de Jean-Yves Frétigné
Cet ouvrage consacré à la figure du grand intellectuel sarde Antonio Gramsci, ne veut pas être l’énième contribution à la pensée politique et philosophique de l’un des fondateurs du parti communiste italien. Parmi les intentions de son auteur, l’historien Jean-Yves Frétigné, maître de conférence à l’Université de Rouen, il y a, tout d’abord, la volonté de remettre Gramsci « les pieds sur terre ».
Les différentes nombreuses biographies consacrées au penseur sarde tendaient toujours à privilégier sa pensée. Elles délaissaient systématiquement la vie, l’homme. « Une telle démarche (…) fait courir le risque de présenter un Gramsci « hors sol », dont les concepts seraient analysés sans tenir compte du terreau, principalement italien, dans lequel ils ont germés ».
Jean-Yves Frétigné prend très au sérieux sa tache au point de remonter jusqu’au XVe siècle dans la généalogie des Gramsci. La biographie est précise, bien documentée, bien écrite. Tout est très intéressant et instructif : Son enfance en Sardaigne marquée par la pauvreté ; ses années d’étude ; son activité de journaliste ; la naissance du Parti communiste d’Italie ; son voyage à Moscou ; le premier numéro de l’Unità…
La question de fond, qu’il me semble essentiel de se poser, concerne l’éventuelle nécessité d’un « sol » pour un penseur. C’est un terrain glissant. On peut vite tomber dans le « biographisme », dérive de l’exégèse philosophique qui consiste à expliquer, ou plutôt à ramener la pensée des philosophes à des épisodes marquants de leur vie. Une banalisation inacceptable de la philosophie.
Ce danger ne concerne pas l’ouvrage en question, car en réalité, le livre de Frétigné se concentre plus sur la genèse de la conscience politique de Gramsci que sur sa contribution au débat philosophique.