Publié le mercredi, 10 avril 2013 à 09h00
À la vie, à la mort
« Ce n’est pas un film impartial, je crois que l’impartialité n’existe pas dans l’art, mais ce film est sincère et n’est en rien idéologique. J’ai ma propre conviction mais ce film n’en est pas l’illustration. Je reste ouvert à la discussion et confiant en un public non indifférent ».
Voici quelques mots de Marco Bellocchio à propos de son dernier film La belle endormie, qui part du cas véridique et polémique d’Eluana Englaro, plongée dans le coma depuis 17 ans, pour embarquer le spectateur dans trois histoires « coup de poing / coup de cœur » et ouvrir une réflexion plus générale autour : de la vie, de la mort, de l’euthanasie, du droit à la liberté de conscience, de la religion, de l’amour, du respect, de la loi, de la foi…
Trois histoires différentes mais toutes difficiles, fortes et émouvantes, qui parlent de renaissance, d’amour salvateur et de personnages borderline, que la vie n’a pas épargnés.
Bellocchio a attendu deux ans après la mort d'Eluana et la vive émotion qui a secoué tout le pays (fortement marqué par la religion catholique) avant de faire ce film et tisser les fils entre ses personnages, étrangers au cas Englaro mais qui incarnent et cristallisent symboliquement toutes les émotions, les tourments, les remises en question et les combats liés à ces sujets si intimes et universels à la fois, que sont le droit à la mort dans la dignité, le renoncement à la vie...
Ici, tout est émotion, intensité: les personnages - et le spectateur aussi du coup - sont toujours à la limite, au bord de la rupture, du gouffre (et parfois littéralement de la fenêtre !), à fleur de peau.
Les acteurs sont tous époustouflants, d’une grande justesse et sobriété: des « confirmés » Toni Servillo et Isabelle Huppert aux « nouveaux » visages du cinéma italien, Alba Rohrwacher, Michele Riondino ou encore Pier Giorgio Bellocchio.
Marco Bellocchio met l’accent sur la force des sentiments et des convictions et semble ainsi montrer que la solution est partout et nulle part, qu’il n’en existe ni de juste, ni de mauvaise, que l’amour sauve et détruit aussi... Au final, seule semblerait compter la liberté de chacun dans le respect de l’autre.