livres

Publié le lundi, 21 août 2023 à 11h15

Giulio Cavalli, L’Ultime testament. Dans le sillon de Zamiatine.

Par Stefano Palombari

L'Ultime Testament de Giulio Cavalli - couverture

La dystopie est un genre ancien. A chaque fois qu’on se trouve face à un récit où l’avenir est présenté comme un cauchemar de brutalité intellectuelle et physique, on pense à Orwell, maître dans la matière. Cependant, l’écrivain anglais ne fut pas le premier. En 1920, le Russe Évguéni Zamiatine se prit au jeu de l’utopie ratée en publiant Nous (Мы).

L’Ultime Testament de Giulio Cavalli, qui sortira en librairie le 23 août 2023, a de toute évidence été contaminé par ce roman russe. Dans le futur imaginé par Cavalli les habitants de l’état de DF sont anesthésiés à la naissance. Un vaccin inoculé à leur plus jeune âge élimine toute sensation, tout sentiment, notamment l’empathie. « Sans empathie les gens ne se rebellent plus ».

À DF tout est fait pour garder la population dans une sorte d’heureuse apathie. Les couleurs acceptées ne sont que des nuances de gris, imposées par code couleur. Le plaisir, dans toutes ses formes, est banni. La nourriture est programmée par l’État pour éviter le développement du goût. On ne mange que pour se nourrir. Les femmes sont « assignées » aux citoyens uniquement dans le but de la procréation. La musique, le cinéma, le théâtre… toute expression artistique a été supprimée.

La médecine, on le sait, n’est pas une science exacte et les vaccins n’ont pas le même effet sur tout le monde. Ainsi, quelques individus perçoivent encore quelque chose. Ils sentent, même si de façon très confuse. Malgré la tentative de les isoler et les soigner, un petit groupe de citoyens organise une résistance : « Les brigades sentimentales ».

L’Ultime Testament se situe dans la lignée des dystopies classiques où on sacrifie les libertés individuelles sur l’autel d’un prétendu bonheur collectif. Dans la grisaille ambiante, les résistants se détachent comme les rebelles dans les œuvres du dessinateur argentin Guillermo Mordillo. Un roman qui ravira les passionnés du genre.

Informations pratiques
  • Giulio Cavalli, L’Ultime Testament (Nuovissimo testamento), traduit de l'italien pas Lise Caillat, L'Observatoire, 21€