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Publié le mardi, 12 juillet 2011 à 15h56

Cinacittà roman de Tommaso Pincio

Par Stefano Palombari

Dans un temps suspendu, incertain, apocalyptique la ville éternelle est en proie à la chaleur et aux Chinois. Il ne reste plus qu’un seul Romain qui, de surcroît, est mal-en-point. Il est accusé d’avoir tué une ravissante prostituée, chinoise, bien entendu.

Entre autobiographie, science fiction et pamphlet politique, le noir de Tommaso Pincio nous conduit dans les méandres des peurs de notre époque. « J’ai essayé d’imaginer ce qui pouvait se passer si les choses dont les Italiens ont le plus peur devenaient soudainement toutes réelles » m’explique l’auteur de passage à Paris. Tout d’abord, le désastre écologique, représenté par l’« année sans hiver » qui n’a été que le premier d’une série sans fin. « Je me suis inspiré de l’année sans été qui a eu lieu en 1816 et qui a causé de nombreux dégâts. Cette année-là en Italie, il a neigé sans cesse. »

Une ville habitée uniquement par des étrangers, ça fait partie de ces peurs très bien orchestrées et qu’on nous ressort régulièrement : « On n’est plus chez nous ». C’est exactement le scénario que Pincio a imaginé pour son roman. Ce sont les Chinois qui règnent en maître. Et les Romains… « Les Romains n’ont pas apprécié mon livre. En effet, le protagoniste, un vrai Romain est loin d’être une héros positif. Les autres préfèrent quitter la ville. Une attitude pas très courageuse. Donc j’ai eu quelques contestations dans la capitale. »

Et la communauté chinoise ? Elle n’ont plus n’est pas décrite en termes très flatteurs. « Ils n’ont manifesté aucune hostilité à l’égard de mon ouvrage. La propriétaire de l’un des restaurants chinois plus à la mode de la ville a même voulu être prise en photo avec moi et mon livre. D’ailleurs, ce n’est qu’un roman, une fiction. Il ne s’agit pas là de « la vérité » ni des idées de l’auteur mais uniquement des appréciations du protagoniste. Ils se sont beaucoup plus fâchés pour l’incipit du livre de Saviano, qui n’était pas un roman ».

La dernière des peurs, pas en ordre d’importance bien évidemment, abordées dans le livre est celle de la crise, économique et culturelle, de la déchéance. Dans le roman Rome et ces joyaux sont en pleine décadence. Tout s’effrite, il ne reste plus qu’à partir. Ce qu’ont fait tous les Romains sauf un. Qui ne peut plus le faire. Mais Cinacittà n’est pas que ça, c’est aussi un polar qui se lit d’un seul trait, qui aimante l’attention du lecteur. Grâce aussi à une écriture incisive et une excellente traduction. Un livre à ne pas oublier de glisser dans la valise.

Toujours aux éditions Asphalte vient de paraître Rome Noir, une anthologie de nouvelles sur Rome, écrites par des auteurs italiens tels que Genna, Mazzucato, Scurati, Lucarelli, Fois… La plupart de ces écrivains n’avaient jamais écrit des textes qui se passaient dans la capitale.

Informations pratiques
Cinacittà
Auteur : Tommaso Pincio
Traducteur : Sarah Guilmault
Éditeur : Asphalte
Prix : 20 €

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Cinacittà - Couverture
Asphalte, 20 €