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Restaurant Libero, l’italien du quotidien

Par Stefano Palombari

Libero devanture

Libero est un nouveau restaurant italien dans le onzième arrondissement, à deux pas de la Maison des Metallos. Non pas l’onzième branché où les débits de nourriture en tout genre se multiplient mais plutôt celui plus populaire et discret. Facile à repérer qui plus est, c’est pratiquement le seul de la rue.

C’est l’histoire d’un père napolitain, d’un passé de carabiniere à Viterbo (au nord de Rome) et d’un présent de cuisinier à Paris. C’est aussi l’histoire d’un fils né en France, qui aide son père et s’occupe de la salle. Père et fils constituent l’âme de Libero. L’un très extraverti, même trop, qui surjoue son rôle d’Italien du sud, l’autre plus introverti sans être jamais discourtois.

Pasta alla Norma de Libero

La cuisine est une cuisine de tous les jours, carbonara, puttanesca, amatriciana… « povera », ainsi la définit le père. Quoique parmi les propositions, loin d’être pléthoriques, de la carte, on remarque la pasta alla genovese qui est le plat napolitain du dimanche. Mais aussi un peu trop de truffe qui dilue la pauvreté dans une sorte de facilité bourgeoise.

Je demande donc de troquer les « arancini à la truffe » de la carte par des arancini al ragù, qui se révèlent très convaincants. La pasta alla norma est bonne, bien assaisonnée et en quantité généreuse. La genovese qui normalement, dans les ruelles de sa ville d’origine, est concoctée avec des ziti (sorte de pâtes typiquement napolitaines) est réalisée ici avec des maccheroni. La genovese, en opposition à la bolognese, prévoit des morceaux de viande entiers. Le plat est copieux et la viande ne joue pas le rôle de figurant. Malheureusement, il suffit de peu pour gâcher le plaisir, du moins ce jour-là, le cuisinier a eu la main un peu lourde avec le sel.

maccheroni alla genovese de chez Libero

Nous avons terminé notre repas par une tranche de pastiera napoletana hors menu même si Pâques n’est qu’une perspective encore éloignée cachée derrière la longue traversée du carême. Le spécimen que nous avons mangé n’était pas mauvais mais là aussi, il était gâché par un excès, cette fois-ci de sucre.
Côté cave, le choix de vin rouge au verre étant plutôt limité, nous avons jeté notre dévolu sur du nero d’avola (vin sicilien) Romeo, un vin, disons, buvable facturé quand même 7 € le verre. Comptez entre 30 et 40 euros pour un repas... comme quoi la cuisine pauvre ne s’adresse pas aux pauvres.

pastiera napoletana chez Libero

Quelques petites remarques : la bonne ambiance du restaurant, alimentée parfois artificiellement par les excès du cuisinier, n’aide pas la communication entre convives. Libero ne convient donc pas en cas d’un déjeuner d’affaires ou d’une sortie en amoureux. Les habitués bénéficient d’un traitement de faveur avec des attentions et des spécialités qui ne sont pas proposées aux autres clients. Du coup on se sent un peu Calimero. Même sensation lorsqu’on reçoit la note car des clients qui ont réservé via une célèbre plateforme bénéficient, pour le même repas, de 30 % de réduction. A propos de la note, nos trois arancini al ragù ont été facturés 13 €, comme ceux à la truffe.

Publié le vendredi, 24 février 2023 à 09h41

Informations pratiques
  • Libero
  • 5 Rue Morand - 75011 Paris
  • Fermé le lundi

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